mercredi 18 septembre 2013

Critique: Quand la mer...

Quand la mer nous abandonne, il faut choisir entre partir ou rester.  Le choix n'est pas facile, le drame toujours présent.  Quand la mer... c'est ça.  Des drames et des choix cruciaux dans une pièce touchante, saupoudrée d'humour avec des moments dramatiques.

Quand la mer... invite le spectateur quelque part sur terre dans un petit village où vivent des pêcheurs.  Les traditions y sont immuables.  Pourtant une lente transformation s'y opère: un fils s'oppose à son père, une épouse défie la coutume et la mer qui semble ne plus vouloir tenir ses promesses en se transformant peu à peu jusqu'à ne devenir plus rien... ou si peu.

Les drames humains sont au coeur de ce spectacle.  Qu'ils soient provoqués par le retrait de la mer ou qu'ils proviennent des oppositions bien naturelles entre les protagonistes, le drame est toujours présent.  Esther Beauchemin, l'auteur, s'intéresse bien plus aux drames personnels qu'au drame écologique.  Et c'est tant mieux.  Elle nous amène dans l'univers de ces pêcheurs avec tact et doigté, dans une langue qu'il faut apprivoiser mais cela se fait rapidement.  Quelques minutes suffisent pour s'y faire.  Les scènes sont cependant trop courtes par moments.  Cela brise quelque peu le rythme.  Mais ne boudez pas votre plaisir pour cela.  La langue est riche, vivante, parfois touchante, parfois drôle. C'est le choeur des anciens du village qui ajoute cette touche d'humour dans le spectacle.

La scénographie dépouillée et la mise en scène fine et sobre de Philippe Soldevilla supportent admirablement le spectacle.  Philippe Soldevila répond à la question de départ (les pêcheurs quitteront-ils leur village suite à la disparition de la mer ?) d'une manière touchante.  Les comédiens, Eloi Archambeaudoin, Roch Castonguay, Céleste Dubé, Valérie Laroche, Annick Léger et Sylvain Perron assurent très bien leurs nombreuses personnalités.  À la fois choeur des anciens du village et personnages, parfois de deux générations, ils doivent rapidement passer d'un à l'autre l'espace d'un instant.  Ils le font très bien et sans faux-pas.

Quand la mer..., même s'il ne laisse pas une trace indélébile, est un spectacle qu'il faut voir.  Il suscite chez le spectateur d'intéressants questionnements en cette période de Charte des valeurs.  L'un de ceux-ci, et ce n'est pas le moindre même s'il n'est qu'en filigrane, devenons-nous quelqu'un d'autre lorsque nous quittons le coin de pays qui est le nôtre ?

Au Théâtre Périscope jusqu'au 5 octobre.  Avec Eloi Archambaudoin, Roch Castonguay, Céleste Dubé, Valérie Laroche, Annick Léger, Sylvain Perron.  Une mise en scène de Philippe Soldevila.  Un texte et une idée originale d'Esther Beauchemin.

Bon théâtre et bonne danse !

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