vendredi 6 décembre 2013

Critique: L'Gros Show

L'Gros Show propose une incursion dans le monde de la radio poubelle ou à débat et, ma foi, c'est réussi.

Par Robert Boisclair

La station de radio la plus populaire de Québec, Choc-Radio, et leurs animateurs Pat Sauce, Marc "The Truth" Auger, Jane, Philou Durocher, Doc Cliche et Jay-Pi vous invitent dans leur studio. Participez à leurs débats quotidiens, découvrez leur univers une fois les micros fermés et assistez à une crise idéologique et identitaire lorsqu’un homme appelle la station en menaçant de se jeter en bas du pont Pierre-Laporte... Découvrez la limite entre le show et la réalité…

Entre le show et la réalité de ces radios, il y a bien peu de différences.  La musique rock et tonitruante, oreilles sensibles amenez vos bouchons d'oreille pour le moment d'attente avant la pièce ou encore pour les deux pauses bar qui la jalonnent, les discours creux et superficiels, cette manie des animateurs de tout ramener à soi, les concours improvisés et les interviews qui tiennent plus du monologue que du dialogue meublent ces émissions tout comme L'Gros Show.  L'ambiance est sans équivoque celle des radios à débat.  Les amateurs du genre apprécieront, les autres le découvriront souvent avec le sourire et le rire.

L'Gros Show version cabaret, parce qu'il s'agit bien d'un spectacle cabaret ici, reprend, malheureusement, des extraits de ses versions laboratoire.  Ces trois heures de spectacle, présentées à raison d'une heure par mois dans le hall du Périscope, introduisaient les animateurs de la station Choc-Radio.  Ces passages étaient donc du réchauffé pour ceux, qui comme moi, avaient vu au moins un des trois laboratoires.

Le cabaret d'une heure cinquante environ s'étire quelque peu entre les deux pauses bar. La crise identitaire et idéologique tarde quelque peu à arriver.  Mais l'attente en valait la peine.  L'appel amène une brève réflexion sur l'impact des gestes posés par les animateurs de ce type d'émission.  C'est tout à fait dans le ton et le style de ce type d'émission.  Les animateurs se forgent une opinion sur le moment, sans trop réfléchir.  Et c'est ce qui se passe lors du dénouement du Gros Show.

L'Gros Show est un portrait fidèle des stations à débat.  En nous lançant en pleine face le portrait, grossi mais si peu, de ces stations, le metteur en scène Lucien Ratio, suscite le questionnement, la réflexion sur leur rôle mais également sur notre rapport avec ce type de stations.  Pourquoi les Québécois les écoutent-ils ?  Répondent-elles à un besoin ? Lucien Ratio n'offre aucune réponse, que des questionnements, et c'est bien ainsi.  C'est, peut-être, sa seule chance d'amener des auditeurs de ce type de radio à passer voir le spectacle.

Les performances des comédiens sont excellentes.  L'ensemble de la distribution est fantastique dans l'interprétation de personnages unidimensionnels et caricaturaux au maximum.  Je tiens à souligner l'interprétation de Patric Saucier en animateur au gros bon sens.  Le retournement de situation donne à Patric Saucier une des scènes les plus intenses du spectacle.  Un petit conseil, ne mettez jamais Patric Saucier en rogne, vous risquez de le regretter.

Que vous soyez amateurs des radios à débat ou non, allez voir ce spectacle.  Pour son allure décontracte, pour la bière gratuite (remise sur présentation de votre billet), pour son humour ou, surtout, pour voir un très bon spectacle.

Au Périscope jusqu'au 14 décembre.  Avec Patric Saucier, Marc Auger, Philippe Durocher, Jeanne Gionet-Lavigne, Benoît Cliche, Jean-Philippe Côté et Maxime René de Cotret.  Un texte et une mise en scène de Lucien Ratio. 

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