lundi 25 août 2014

Trois questions à... Agnès Zacharie

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Agnès Zacharie est auteure, comédienne et marionnettiste. À l'occasion de la présentation de la pièce Le Périple, spectacle intimiste qui est présenté dans un autobus, qui tiendra l'affiche du Périscope du 4 au 20 septembre, Les Enfants du paradis lui posent trois questions.


Agnès Zacharie en compagnie du marionnettiste Pierre Robitaille
devant l'autobus qui sert de salle de spectacle pour Le Périple.
Crédit photo: Christopher Manquillet.

1) Les Enfants du paradis: D'où est venue l'idée de présenter un spectacle de marionnettes dans un autobus spécialement aménagé en salle de théâtre?

Agnès Zacharie: La création de Ubus Théâtre n’a jamais été préméditée. Un jour, j’ai été happée par une vision. Après la mort de mon père, je me suis vue jouer un spectacle de marionnettes et d’objets miniatures à l’intérieur de l’autobus scolaire qu’il nous avait légué. J’ai eu à ce moment-là la forte impression d’une réalité et non d’un rêve. Que tout ce que j’avais imaginé se produirait dans un avenir rapproché. Je me lançai aussitôt dans l’aventure. Rien ne pouvait m’arrêter, j’avais la certitude et la foi en ce projet.

Que ce soit sur le plan artistique, administratif ou humain, la magie avec laquelle la naissance de notre petit théâtre a vu le jour est renversante. Tous ceux qui ont aidé à sa naissance étaient portés par ce projet rassembleur, universel et  inusité. Et par l’aura de mon père…

Je m’en souviens comme si c’était hier. Lorsque je fermais les yeux, j’imaginais un terrain de jeu où les marionnettistes seraient les maîtres. Tout se transformerait comme par magie sous leurs mains; la construction et la déconstruction des univers se succèderaient, les personnages apparaîtraient et disparaîtraient, la lumière et le son feraient le jour et la nuit, le vent et la pluie, la mer et le désert.

Ce théâtre de prestidigitation servirait le récit et lui donnerait vie par des images qui s’inventeraient au fur et à mesure que l’histoire se raconterait. Tout se bâtirait devant les yeux des spectateurs amusés, heureux d’être aux premières loges. Les marionnettistes feraient figures de magiciens et la promiscuité et l’étroitesse de l’autobus jaune permettraient un échange privilégié avec le public. C’est exactement cette vision que nous avons fait naître...

2) Les Enfants du paradis: La proximité du public permet-elle de mettre l'accent sur des moments très intimes du récit?

Agnès Zacharie
: Ubus Théâtre est un théâtre de proximité ouvert sur le monde où la rencontre et l'aventure humaine sont au rendez-vous. La promiscuité de notre petit théâtre permet une grande intimité avec notre public, à la limite du chuchotement.

À l’heure des relations cybernétiques, du dépassement de soi et de la compétitivité, l’humanité semble s’être effacée. Nos sociétés modernes nous donnent l’impression d’être seuls parmi des milliers. Pourtant, tout cela n’est que mirage car à bord de notre petit théâtre forain, le temps s’arrête et le mot «communauté» reprend tout son sens. Petits et grands enfants y entrent tout doucement. Nous nous reconnaissons, nous nous regardons, nous nous saluons. Une parcelle d’éternité brille dans nos yeux et nos cœurs battent à l’unisson d’une histoire racontée…

Et puis, quand celle-ci se termine tout doucement, on ne veut plus se quitter. On parle un peu. Du spectacle, bien sûr, mais surtout de leur vie à eux. Notre histoire fait naître des confidences. C’est la vie partagée, les accolades données, les sourires, les pleurs et les au revoirs qui cachent l’espoir d’une prochaine ballade à bord de notre autobus stellaire…

3) Les Enfants du paradisLe Périple est présenté dans un autobus, est-ce un spectacle autour du thème du déplacement, du mouvement?

Agnès Zacharie: Oui. Le Périple est une fable philosophique qui utilise le conte et la marionnette comme moyens d’expression. Dans ce récit allégorique, nous suivons le périple d’un grain de sable minuscule, issu d’une étoile et qui voyage à travers l’espace et le temps depuis des milliers d’années. À son arrivée sur la terre, il se retrouve dans le désert d’Égypte. Son périple, ponctué de rencontres et de différents univers, l’entraînera jusqu’à Tadoussac. Il y fera la rencontre d’un vieil homme dont le dernier rêve fut de posséder un autobus jaune pour balader les gens dans l’espoir de leur faire découvrir ce que la nature offre de merveilleux, sa générosité.

Le vieil homme est au cœur du récit. C’est à travers le voyage du grain de sable que le spectateur le découvre et c’est par le regard du vieil homme que le grain de sable existe.

Le petit de grain de sable minuscule qui voyage depuis des milliers et des milliers d’années n’a jamais été remarqué par personne auparavant. C’est le regard du vieil homme qui lui a donné vie. Le jour où le vieil homme l’aperçoit, il l’observe longuement et réalise alors, au moment de quitter cette terre, que son existence est plus petite que celle du grain de sable et en même temps plus grande que tout ce que son imagination aurait pu imaginer.  Le grain de sable est la dernière chose que le vieil homme verra avant de mourir.

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site web d'Ubus Théâtre ici.

Bon théâtre et bonne danse !


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