jeudi 8 octobre 2015

Trois nuits avec Madox: histoire de fous?

Un lieu atypique et de l'absurde, voilà ce que propose Premier acte pour son début de saison. Une histoire où ce qui semble n'est pas tout à fait vrai. Ou peut-être que si.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois

Dans un bar cinq personnages se retrouvent: Bruno, le patron, Gruby, le gardien de phare, César, le chauffeur de taxi, Clara, la prostituée et Njiami, le balayeur. Un petit bar de campagne comme il en existe des milliers. Ils y mènent une vie calme, rangée et répétitive. Une vie troublée par la présence d'un étrange personnage, Madox, qui semble avoir le don d'ubiquité. Ils sont cinq et ils clament tous avoir passé les trois précédentes nuits avec lui. Cinq personnages, cinq nuits différentes. Une quête, une soif de savoir qui ne les quittera pas. Qui a raison? Qui a tort? Ou, peut-être, ont-ils tous raison?

Histoire de fous?
Trois nuits avec Madox est une pièce intrigante. On ne cesse de parler de ce Madox pendant toute la pièce. Les personnages discutent de la nuit passée avec ce curieux personnage. Madox existe-t-il vraiment? Sont-ils fous? D'ailleurs les trois premières lettres de Madox, Mad est le mot anglais pour fou en français, y font une référence directe.

Sont-ils fous? Certainement, pas. Ils attendent un fou. Non. Madox c'est la folie ambiante. L'histoire qu'ils s'inventent pour oublier leur vie routinière. Le personnage qui viendra, dans leurs rêves les plus fous, tromper leur solitude. Car c'est bien de ça qu'il s'agit. De solitude. Qui est sans aucun doute le thème principal de la pièce.

Si la solitude est le thème principal, d'autres sujets s'invitent: le jeu, la mort, le temps qui passe,... Des sujets abordés par l'absurde. Le lieu choisi pour présenter la pièce, un bar, et les interrogations des personnages sortent le spectateur de sa zone de confort. Et le dénouement qui n'est pas, disons, très traditionnel... ni limpide. À chacun son interprétation.

Un bon spectacle
Un bon spectacle que ce Trois nuits avec Madox, ainsi que Le deuxième tilleul à gauche en première partie du spectacle. Un doublé qui dure une heure quinze environ. C'est frais, particulièrement cette première partie, et absurde à souhaits. Les amateurs du genre adoreront. Les autres, peut-être un peu moins.

Les quatre comédiens du Deuxième tilleul à gauche sont excellents et jouent à merveille des personnages qui croient se manipuler mutuellement. Même si la distribution joue généralement avec aplomb ce Trois nuits avec Madox, malgré quelques accrocs de jeu, Nadia Girard se démarque particulièrement. Son personnage de prostituée quelque peu déjantée frappe l'imaginaire.

La mise en scène toute simple utilise très bien le lieu. L'éclairage savamment dosé ajoute une touche de mystère. Une aura qui sied bien à ce spectacle.

À voir
Les amateurs d'absurde adoreront. Un spectacle qui questionne. Un spectacle rafraîchissant. À voir pour vivre le théâtre dans un lieu atypique et s'offrir un théâtre qui sort des sentiers battus.

Au Bar L'Autre zone jusqu'au 10 octobre. Avec Amélie Laprise, Catherine Simard, Guillaume Pelletier et Paul Fruteau De Laclos (Le deuxième tilleul à gauche), Jocelyn Paré, Nicola Boulanger, Paul Fruteau De Laclos, Nadia Girard et Guillaume Pelletier (Trois nuits avec Madox). Une mise en scène de Guillaume Pepin. Un texte de Matéï Visniec.

Bon théâtre et bonne danse !

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