mercredi 28 février 2018

Conversation avec mon pénis: un pur moment de plaisir

Conversation avec mon pénis, c'est la rencontre improbable entre un pénis géant et son propriétaire. Une rencontre d'amitié et d'amour, un voyage entre le coeur, la raison et... l'organe.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Une grande histoire d'amitié
Conversation avec mon pénis suit la relation de Tom avec son organe mâle à travers les étapes de sa vie. Impotence, infidélité, cancer et viagra sont au centre de ce dialogue. Une comédie absurde aux forts accents de comédie.

Crédit photo: Cath Langlois
Conversation avec mon pénis propose une charmante comédie qui s'intéresse à la relation entre Tom (Marc-André Thibault) et sa charmante amie, il faut bien en parler au féminin puisque son interprète est une femme, le pénis (Mary-Lee Picknell). La pièce s'ouvre et se ferme au rythme disco du groupe ABBA avec The Winner Takes It All (le gagnant ramasse le lot) et son célèbre I Don't Want to Talk (je ne veux pas parler). Contrairement à la chanson d'ouverture et de fermeture, le pénis, pardon Mary-Lee Picknell, sera des plus volubiles du début à la fin de cette charmante comédie pénienne.

Le succès de la pièce repose beaucoup sur les épaules de Mary-Lee Picknell, impeccable, ses mimiques savoureuses et son humour pince-sans-rire. Marc-André Thibault forme avec elle un sympathique et solide duo. La chimie fonctionne bien et l'on croît dès les premiers instants à cet improbable couple. Si, de prime abord, il peut sembler ridicule d'habiller une comédienne en pénis, il n'en est rien. La représentation phallique est vite oubliée. Et la relation d'amitié prend forme sous nos yeux ébahis.

Crédit photo: Andrée-Anne Brunet
De la conversation, il y en aura et sur tout les sujets ou presque: premiers émois, inquiétudes, incapacité sexuelle, désir, peurs, chocs traumatiques... Et croyez-moi, vous serez surpris de découvrir certains des chocs traumatiques que peuvent vivre un pénis dans une vie.

Mon amour, mon amour
Pendant une heure quinze le spectateur part à la découverte de la relation d'amitié, voire d'amour qui unit Tom et son phallus. Un pur moment de plaisir où l'on apprend à mieux connaître la relation que les hommes entretiennent avec leur pénis. Les facettes connues et d'autres moins connues sont exposés au grand jour. Une relation, ma foi, assez près de la réalité masculine. Les hommes s'y reconnaîtront et les femmes en apprendront, peut-être, un peu plus sur cette relation particulière.

Conversations avec mon pénis est une comédie qui démarre lentement. Le premier vingt minutes s'étire quelque peu avant de céder la place à un déferlement de gags bien punchés. Le texte bien rythmé est découpé en étapes, de l'adolescence et la découverte de la sexualité à l'homme mature sur le déclin et dont la vie sexuelle est plutôt en mode pause de longue durée.

Crédit photo: Cath Langlois
Les scènes sont désopilantes même dans les moments les plus dramatiques. Les épisodes de le gonorrhée et du cancer du testicule sont de véritables moments d'anthologie. La scénographie épurée, des objets du quotidien éparpillés qui suggèrent un bric-à-brac d'adolescent, laisse toute la place aux comédiens, au texte et à l'imposant costume de pénis qui en déride plus d'un dès son apparition sur scène.

Conversation avec mon pénis est un agréable moment en compagnie d'un improbable compagnon. Un spectacle dont on ressort le coeur heureux.

Allez-y surtout si vous aimez: les propositions audacieuses, l'humour de situation, les textes intelligents.

À Premier acte jusqu'au 3 mars. 
Avec Marc-André Thibault et Mary-Lee Picknell. Un texte de Dean Hewinson dans une traduction et une adaptation de Marc-André Thibault. Une mise en scène de David Strasbourg.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Marc-André Thibault ici (vers la vingtième minute de l'émission du 19 février).

Bon théâtre et bonne danse!

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