jeudi 26 septembre 2013

Théâtre: Trois questions à... Marianne Marceau

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des artistes et des artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Marianne Marceau est comédienne et adaptatrice.  À l'occasion de la présentation de Dévadé (elle en est l'adaptatrice et y interprète le rôle de Nicole) à la Bordée du 17 septembre au 12 octobre, Les Enfants du paradis lui posent trois questions.

1) Les Enfants du paradis: Pourquoi avoir voulu adapter le roman Dévadé ?

Marianne Marceau: C'est dans un cours d'université consacré à Ducharme que l'idée m'est venue. Souvent, pendant ces cours, l'enseignante nous lisait des extraits de textes et nous faisait profiter de la sonorité des mots, du sens caché et profond de détails, et de l'humour de Ducharme. Je réalisais alors que ma lecture personnelle était trop rapide, trop supercifielle. Que certaines saveurs du texte m'échappaient tant il était dense. Je me suis alors dit :" Il faut lire Ducharme à haute voix pour en jouir pleinement." Mon dévolu s'est arrêté sur Dévadé parce que ses personnages me semblaient tellement théâtraux. La patronne et son optimisme, son autodérision, sa détresse contrôlée, me bouleversait. Bottom et sa brusque sincérité, son esprit vif et ludique, sa lucidité, me fascinait. Il m'était par ailleurs plus facile de me projeter dans ces personnages adultes et cet univers réaliste que dans les personnages des premiers romans de Ducharme, plus jeunes et plus fantaisistes. 

2) Les Enfants du paradis: Quelle corde sensible voulez-vous toucher chez le spectacteur ?

Marianne Marceau: J'aimerais qu'il nous trouve beaux, nous les Québécois. Dans notre langue, dans notre recherche de nous-mêmes, dans notre neige. J'aimerais qu'il soit surpris de ce que le français est capable de dire, au-delà du sens premier et utilitaire de certains mots. Que cette poésie, pleine de notre histoire par sa forme et son contenu, lui devienne naturelle et qu'il s'y retrouve plus facilement qu'il ne le croyait au lever du rideau. J'aimerais qu'il soit touché par les multiples formes que prennent l'amour. Qu'il soit consommé ou non, propre ou sale, créatif ou destructeur.

3) Les Enfants du paradis: Le soir de la première médiatique vous sembliez très émue au moment du salut.  Une émotion de fierté ou du devoir accompli ?

Marianne Marceau: C'est dû à tout l'amour que j'ai senti circuler entre le public et la scène ce soir-là. Je connaissais évidemment beaucoup de gens dans la salle, et je me disais que s'il répondait si bien à l'appel qui leur était lancé, c'est qu'on s'aimait beaucoup. Quétaine, hein ? Mais oui, j'ai senti qu'on me disait un peu, à moi aussi, et de façon très spontanée, sans faire la charité : "On t'aide, Marianne."

Bon théâtre et bonne danse !

Aucun commentaire:

Publier un commentaire