mercredi 16 octobre 2013

Critique; Billy (les jours de hurlement)

Que cachent nos coups de gueule, notre rage envers les pauvres et les BS ou contre les mieux-nantis, qu'ils soient puissants et riches ou syndiqués ?  C'est le propos de Billy (les jours de hurlement) que présente le Périscope jusqu'au 2 novembre.

Par Robert Boisclair

Billy (les jours de hurlement)c'est trois personnages qui chialent et déversent le fiel.  Ils se défoulent et nous servent un refrain que l'on entend quotidiennement autour de nous. Que l'on déverse également.  Sans trop y penser.  Comme un chanson qui nous réconforte.  Derrière ce défoulement collectif, nous découvrons des personnages qui essaient de vivre, tout simplement, et de comprendre la vie, leur vie.

L'univers de Billy (les jours de hurlement), c'est celui de l'inconfort.  Ceux des personnages mais aussi le nôtre.  Le spectateur y découvre un visage pas trop réjouissant de notre société.  Celui de la déresponsabilisation.  Mais aussi celui de l'abdication.  L'abdication devant un système qui semble impossible à changer.  Ou que nous n'avons pas le courage de changer.  Et c'est peut-être de là que vient l'inconfort du spectateur.  Il se sent concerné.  Impliqué.  Parce qu'il n'a rien fait, ou si peu, pour changer ce qui l'indigne.  En ce sens, les personnages de Billy (les jours de hurlement) sont typiquement québécois.

Dans une scénographie simple mais magnifique, nos trois personnages évoluent dans un lieu fermé duquel ils ne sortent jamais.  Représentation de leur pensée à courte vue qu'ils ne questionnent jamais ? Peut-être.  Sans doute.  Il y a un espoir avec ce podium suspendu au plafond qui semble quitter la scène pour se diriger vers les spectateurs. Les personnages peuvent ouvrir leur horizon ou trouver une autre voie.  De ce décor tout blanc sort le plus noir de chacun des personnages.  Comme pour le dénouement de la pièce, du blanc peut naître le noir.  Et le noir n'est pas toujours aussi noir que l'on croit.

Le texte de Cloutier ébranle nos certitudes.  La mise en scène, où les comédiens évolue face au public, renforce le texte de Cloutier en créant un effet coup-de-poing avec toute cette hargne, cette charge émotive que les comédiens lancent directement au visage du spectateur.  Comme si ce discours lui était directement destiné.

Les interprétations et la mise en scène sont excellentes.  Le texte percutant s'étire un peu trop sur la fin.  Les quelques dernières courtes scènes sont superflus.  Un excellent spectacle qu'il faut voir.  Pour se questionner.  Sur nos lâchetés.  Notre manque de courage.  Mais aussi sur notre capacité à juger rapidement.  Trop rapidement.  À voir la paille dans l'oeil de notre voisin mais pas la poutre qui obstrue notre vision.

Au Périscope jusqu'au 2 novembre.  Avec Louise Bombardier, Guillaume Cyr et Catherine Larochelle.  Un texte de Fabien Cloutier.  Une mise en scène de Sylvain Bélanger.  

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