jeudi 23 janvier 2014

Critique: Arlequin, serviteur de deux maîtres

La Bordée ouvre sa saison avec une comédie.  Présentez-vous les yeux grands ouverts car cette comédie roule à un rythme d'enfer.  Clins d'oeil et rires au menu.

Par Robert Boisclair

À Venise, deux pères discutent du mariage de leurs enfants, Clarice et Sylvio.  Arrive Arlequin, valet de l'ancien promis de Clarice, mort récemment.  Mais, ô surprise, voilà que le valet annonce l'entrée en scène... du mort en chair et en os !  Branle-bas de combat chez tous les personnages. alors que le mariage entre Clarice et Sylvio tombe à l'eau.  Arlequin sera au coeur d'intrigues et de nombreux quiproquos, dont il est grandement responsable.

Intrigues et quiproquos, il s'agit donc d'une comédie.  Bourrée de ficelles.  De grosses ficelles.  Mais complètement éclatée.  Jacques Leblanc a joué à plein sur ces grosses ficelles.  Et ça marche.  Parce que le jeu est très précis.  Minuté.  À la seconde près. Tout est réglé.

Non seulement, les ficelles sont très grosses.  Mais les personnages sont grossis. Caricaturaux.  Ils sont tous typés.  Il faut voir Marie-Hélène Gendreau transformée en poupée ou Emmanuel Bédard complètement métamorphosé dans un corps aux courbes, plutôt particulières.  Des personnages colorés.  Un seul regard à cette bande amène un sourire.  On sait que l'on est dans une comédie.

Bien qu'il s'agisse d'un Goldoni, Jacques Leblanc a planté le décor dans notre monde d'aujourd'hui.  Arlequin se promène en planche à roulettes et l'aubergiste se prend en photo avec son cellulaire.  L'ambiance est donc résolument moderne.

Jacques Leblanc fait de nombreux clins d'oeil à la commedia dell'arte.  Dès la première scène, les comédiens laissent tomber le masque.  Littéralement.  Ils entrent en scène avec des masques, marque de commerce de la commedia dell'arte, puis les laissent tomber pour faire apparaître les maquillages qu'ils porteront pendant tout le spectacle.  De la même façon, Jacques Leblanc saupoudre le texte de courtes répliques en italien.

Le jeu est physique, voir athlétique.  Exigeant.  Surtout pour Charles-Étienne Beaulne. Qui donne son 110% comme dirait les sportifs.  Sa performance est athlétique.  Mi-artiste de cirque, mi-contorsionniste.  Une belle performance.  Bien balancé par de belles nuances dans le texte.  Il est à la fois charmant, amusant, étonnant, drôle.

L'ensemble de la distribution offre de belles performances.  Emmanuel Bédard se démarque avec un personnage atypique, inattendu et tellement drôle.  Charles-Étienne Beaulne disait en entrevue qu'il interprète un des personnages qui le fait le plus rire.  Je suis bien d'accord avec lui.

Une comédie moderne, bouffonne,  athlétique.  Et drôle.  Un spectacle à voir jusqu'au 15 février.

À la Bordée jusqu'au 15 février. Avec Marc Auger, Charles-Étienne Beaulne, Emmanuel Bédard, Joëlle Bourdon, Frédérique Bradet, Marie-Hélène Gendreau, Jean-Michel Girouard, Simon Lepage, Maxime Perron et Patric Saucier.  Un texte de Carlo Goldoni. Une mise en scène de Jacques Leblanc.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Jacques Leblanc, le metteur en scène, et Charles-Étienne Beaulne (autour de la quarantième minute de l'émission du 6 janvier).

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