jeudi 17 avril 2014

Critique: Les Liaisons dangereuses

Si les liaisons sont dangereuses, la production, quant à elle, est merveilleuse. Un sujet qui ne vieillit pas et une distribution hors-pair font de ce spectacle un régal!

Par Robert Boisclair

Dans un complexe enchevêtrement de manipulations et de relations amoureuses et sexuelles, deux anciens amants se mettent au défi. Le vicomte de Valmont (Réjean Vallée), qui n'en pince que pour la chaste Madame de Tourvel (Claudiane Ruelland) tentera de venger son ancienne amante, la marquise de Merteuil, en séduisant la jeune et naïve Cécile de Volanges (Noémie O'Farrell) dans le but avouer de passer une nuit avec la marquise. Quant à la marquise, elle lui offre cette nuit de fol amour dans le but de se venger d'un ancien amant. Des manipulations desquelles les protagonistes ne sortiront pas indemne.

La metteure en scène Érika Gagnon offre une version des Liaisons dangereuses épurée dans sa scénographie et efficace dans sa mise en place. Peu d'objets et des draperies. Beaucoup de draperies, qui définissent simplement mais efficacement les différents lieux. Les costumes dans un mélange des styles du 18e siècle et des années cinquante donnent une touche intemporelle à cette histoire écrite pourtant au 18e siècle.  Et c'est tant mieux. Car le drame qui se joue est de toutes les époques.  Du 18e siècle, des années 50 et d'aujourd'hui. Le spectateur peut donc s'approprier la teneur du texte et s'y identifier facilement. Un très bon choix de la part de la metteure en scène et des concepteurs.

Le spectacle s'ouvre, en prélude de pièce, sur une photo de famille. Le vicomte et la marquise reçoivent les autres protagonistes, tous victimes de leurs machinations,  les marquent d'une mince poudre blanche dans les cheveux et tous s'installent pour une photo de famille. Le calme avant la tempête, dirons-nous. Derrière la flatteries et les bons mots se cachent des personnages vils et mesquins. Derrière les visages souriants de cette photo de famille se cachent des malheurs et des souffrances.  Le ton est donné.

Cette pièce ne pourrait être un succès sans l'apport d'une distribution de fort calibre. Noémie O'Farrell, en jeune naïve, et Claudianne Ruelland dans le rôle de la chaste et dévote Madame de Tourvel, qui finira par succomber à son amour pour le vicomte, sont excellentes. Mais c'est le duo composé de Réjean Vallée et Marie-Josée Bastien qui se démarque le plus. Une performance sans faille pour deux rôles qu'ils enfilent comme un gant. À la fois machiavéliques et vengeurs, amoureux et jaloux, superficiels et détachés, ils sont les parfaites incarnations d'individus vils et sans foi qui recherchent par les manipulations et les tromperies un amour qu'ils se refusent. Une merveilleuse production qu'il faut absolument voir!

À la Bordée jusqu'au 10 mai. Avec Véronique Aubut, Marie-Josée Bastien, Guillaume Boisbriand, Sophie Dion, Noémie O'Farrell, André Robillard, Claudiane Ruelland et Réjean Vallée. Un texte de Christopher Hampton d'après Choderlos de Laclos. Une mise en scène d'Érika Gagnon.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Érika Gagnon (au tout début de l'émission du 7 avril).

Aucun commentaire:

Publier un commentaire