jeudi 18 septembre 2014

Dans le bois: dis-moi que tu m'aimes...

Premier acte offre en ouverture de saison une ode à l'amour intitulée Dans le bois.

Une critique de Robert Boisclair

L'amour, toujours l'amour. L'amour caché, l'amour dévorant, l'amour qu'on ose pas s'avouer et avouer, l'amour déclaré, l'amour passionné, l'amour déchirant. S'il y a une thématique qui revient encore et encore dans cette production qu'offre Premier acte jusqu'au 4 octobre, c'est bien l'amour.

Deux amoureux se retrouvent dans un chalet dans le bois. Ils en sont aux premiers balbutiements. Passion, lutte et partage du pouvoir, engagement animent ces deux amoureux aux antipodes. L'un est introverti (Nick), l'autre extraverti (Antoine). Ils se jaugent, s'examinent. Vont-ils se déclarer leur amour? Peut-être, peut-être pas.



Le texte de David Mamet, dans une traduction de Rosemarie Belisle, est magnifique. D'histoire banale en histoire banale, et le gros gin aidant, les langues se délient, petit à petit pour Nick, rapidement pour Antoine.

Mamet a su, avec subtilité, dévoiler les sentiments profonds, la douleur et les secrets de ces deux amoureux. Il entraine le spectateur au coeur même du paradoxe de la passion. Deux êtres qui se retrouvent seuls, à la fois désireux de construire la relation naissante et incertains de pouvoir le faire. Tout se joue-là, dans ce chalet, à ce moment précis. Mamet invite le spectateur à découvrir comment les deux hommes réussiront à résoudre le paradoxe.

Danielle Le Saux-Farmer a su, avec doigté, laisser toute la place au texte et aux comédiens, excellents par ailleurs, tout en parsemant ici et là des points d'orgue qui mettent l'emphase sur de beaux moments ou des passages cruciaux. Une scénographie épurée et quelques effets sonores viennent ponctuer la représentation. Le spectateur doit donc être très attentif mais il n'est pas déçu. Un beau texte et un huis-clos lui sont offerts.

Malgré quelques accrocs, les deux comédiens offrent un excellent huis-clos. Un huis-clos à deux personnages est toujours risqué. Tout repose, ou presque, sur les épaules des comédiens. Jean-Denis Beaudoin, l'introverti, et André Robillard, l'extraverti, s'en sortent de brillante manière. Si le naturel n'est pas toujours bien maîtrisé au début, le jeu s'affine rapidement. Deux comédiens qui méritent un coup de chapeau bien bas pour de très bonnes performances.

En conclusion, j'ai le goût de reprendre à mon compte une partie du mot de la metteure en scène dans le programme (pardonnez-moi Danielle Le Saux-Farmer!):  « Merci de m'avoir offert ce spectacle, et d'avoir partager avec moi ce moment de théâtre. »

Le mot de la fin revient à la traductrice Rosemarie Belisle: « David Mamet a écrit une pièce magnifique, toute en subtilité, qui n'en finit plus de révéler sa richesse. Et le collectif Bois franc et langues fourchues en livre une interprétation inspirée qui sert réellement le propos. »

En représentation à Premier acte jusqu'au 4 octobre. Avec Jean-Denis Beaudoin et André Robillard. Une mise en scène de Danielle Le Saux-Farmer.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Danielle Le Saux-Farmer et André Robillard (au tout début de l'émission du 15 septembre) et notre Trois questions à... Danielle Le Saux-Farmer.

Bon théâtre et bonne danse !

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