mercredi 22 octobre 2014

Photosensibles: incursion dans la chambre noire de l'Histoire

Photosensibles, que présentent Premier acte jusqu'au 8 novembre, portent bien son nom. Un spectacle où la photographie et la sensibilité sont à l'honneur. 

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Jérémie Battaglia

Cinq clichés qui ont fait l'Histoire, cinq auteurs, cinq histoires qui se cachent derrière chaque cliché. C'est la trame de départ de ce voyage dans la petite histoire, pas toujours drôle, derrière chacun de ces clichés. La pièce débute avec le maître de cérémonie, interprété par Maxime Robin, installé dans un décor inspiré de la chambre noire des photographes. Il est le lien entre les différentes histoires proposées.

Cinq auteurs donc cinq styles: poésie, drame et humour s'y côtoient. Malgré la grande variété de style, il en ressort une grande sensibilité aux drames que peut, ou pas, vivre, celui qui a photographié ou vécu l'Histoire. L'histoire prend le pas sur l'Histoire. Le vécu sur le vu. La réalité derrière l'impression que laisse l'image. Car si l'image parle, elle ne dit pas toute la vérité. Qu'une parcelle. Et parfois même, une fausse vérité.

Si l'enrobage de la pièce manque parfois de fini et de précision, le spectacle n'en est pas moins de grande qualité. Les interprétations, toutes sur le mode du monologue, sont d'excellentes qualité. Les interventions du maître de cérémonie sont à la fois didactiques, et ce n'est pas un défaut ici, amusantes et surprenantes.

La scénographie épurée permet de mettre l'emphase sur l'histoire et l'émotion de personnages que l'image obsède pour de multiples et différentes raisons. C'est une des perles de ce spectacle soit, d'amener le spectateur dans des univers disparates qui transforment le regard porté sur les clichés proposés. Une belle découverte à chaque fois.

Le dénouement, que je ne dévoilerai pas ici, conclue bien ce spectacle sur le regard faussé que propose un cliché figé dans le temps. C'est à la fois une parcelle de vérité et une fausse vérité puisque chaque cliché est, à sa manière, une prise de position, un regard biaisé d'une réalité complexe. La remise en perspective que propose l'équipe de production est un vibrant rappel que, si l'image vaut mille mots, il y en a mille autres qui sont oubliés. Parfois plus humains, plus sensibles ou plus près de la réalité.

Un spectacle rempli de sensibilité, d'espoir et d'amour de la vie qu'il faut aller voir.

En représentation à Premier acte jusqu'au 8 novembre. Avec Maxime Robin, Noémie O'Farrell, Mykalle Josha, Joëlle Bond, Lise Castonguay, Guillaume Pelletier et Denis Harvey. Une mise en scène de Maxime Robin et Noémie O'Farrell. Des textes de Roxanne Bouchard, Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Lehoux et Gilles Poulin-Denis.

Apprenez en plus sur ce spectacle en écoutant notre interview avec Maxime Robin et Noémie O'Farrell (au tout début de l'émission du 13 octobre).

Bon théâtre et bonne danse !

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