mercredi 1 octobre 2014

Trois questions à... Pascal Contamine

Trois questions à... est une série qui permet de découvrir, en trois questions, des spectacles d'artistes et d'artisans du théâtre et de la danse qui aiment leur métier et le pratique au quotidien.

Par Robert Boisclair

Inconditionnel de l'oeuvre de Romain Gary, Pascal Contamine a ressuscité un projet d'adaptation du roman Gros-Câlin il y a quelques années en créant un spectacle solo centré sur le personnage de M. Cousin. Gros-Câlin ou la conférence sur la solitude des pythons dans les grandes villes s'installe à Premier acte, pour trois jours seulement, le 9 octobre. À cette occasion, Les Enfants du paradis lui posent trois questions.

Crédit photo: Fruzsina Lanyi

1) Les Enfants du paradis: Vous êtes un inconditionnel de l'œuvre de Romain Gary (Émile Ajar). Qu'est-ce qui vous passionne tant chez lui? 

Pascal Contamine: Je suis un inconditionnel de Gary. Moins pour son style que pour son humour, son regard sur la condition humaine. Il mêle les visions macroscopique et microscopique du genre humain. Il a la compréhension globale du système dans lequel on vit, et s'en sert pour raconter la vie d'êtres humains à l'intérieur de ces grands ensembles.

Aussi, il n’y a ni héros, ni salaud dans son œuvre. Il passe très souvent par la quête intérieure d'amour, consciente ou inconsciente, de ses personnages. Gros-Câlin est une des œuvres où il pousse cette quête à l'extrême.

2) Les Enfants du paradis: Vous vous êtes intéressé à Gros-Câlin pour la première fois en 1991. Pourquoi en avez-vous fait une nouvelle adaptation en 2009?

Pascal Contamine
: Tout est parti d'un exercice quand j’étais à l'École Nationale de théâtre, où nous devions choisir et travailler un monologue. J’avais le désir d’explorer un texte inédit, original, et comme j’étais passionné de Romain Gary, j'ai pensé l'offrir sous cette forme. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à faire une première adaptation.

Je m’étais, toujours, promis de monter un Romain Gary avec ma compagnie… et il y avait cette version qui me faisait de l’œil à chaque fois que j’ouvrais mon tiroir. Quand j’ai atteint l’âge de Michel Cousin, j’ai trouvé que c’était le bon moment. D’autant plus que je voulais m’attaquer à un projet plus simple que ceux que je faisais habituellement avec la compagnie, où il y avait en général une dizaine de comédiens sur scène, pour autant de concepteurs.

3) Les Enfants du paradis: Michel Cousin, le personnage que vous interprétez, est-il un drôle d'oiseau à l'imagination fertile ou un est-il schizophrène?

Pascal Contamine: Le personnage de Cousin a quelque chose de comparable à certains des personnages qu'Yvon Deschamps créait, il a la même folie douce, la même naïveté. Deschamps voulait également faire réfléchir; rien n'était anodin dans ses monologues. Ce genre de personnage peut dire des énormités, mais on leur pardonne parce que, avec eux, on se sent en zone de confort, supérieur. On accepte donc plus facilement des affirmations ou des comportements dérangeants.

La vraie question est plutôt de savoir si le serpent, Gros-Câlin, existe ou pas. Il se peut que toute cette histoire soit une pure invention, et que Michel Cousin soit, oui, schizophrène.

Ma réponse a évolué à travers le temps. Quand j'ai commencé, j'avais une façon de comprendre cet homme qui vit avec un python, et, depuis, j'en ai développé une autre. Le roman est volontairement ambigu, brouille les pistes. Mais dans un cas comme dans l'autre, c’est le symbole que le python représente qui est intéressant, celui du mal-aimé. Les serpents provoquent le dégoût, en général. En décrivant cette cohabitation, Gary oppose l’aversion naturelle que nous avons des serpents au besoin d’amour, tout aussi naturel, de son personnage. En fait, qu’il ait un python ou qu’il en soit un, notre première réaction devant Cousin est le rejet. Et tranquillement, nous percevons ce qui se cache sous ses écailles. Il s’humanise. Nos préjugés tombent et, à la limite, on a de la compassion pour lui. C’est le génie de Gary!

Apprenez en plus sur ce spectacle en visitant le site web de Premier Acte ici.

Bon théâtre et bonne danse !

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