samedi 25 avril 2015

Macbeth: fureur et noirceur

Marie-Josée Bastien propose un Macbeth empli de fureur et de noirceur. Un théâtre vivifiant et une façon d'être alerté des routes qui conduisent au pire.

Une critique de Robert Boisclair


Il était une fois le noble et ambitieux Macbeth. Très proche de son Roi, Duncan, il prend ses distances, un peu poussé par sa femme. Puis le trucide, prend sa place et sa couronne. Débute alors un règne meurtrier où Macbeth, guidé par la peur, la culpabilité et la hantise de se voir déposséder de son trône, entreprend de faire assassiner tous ceux qui pourraient le lui ravir.

Une belle mise en scène
Marie-Josée Bastien offre une vivifiante mise en scène de ce chef-d'oeuvre shakespearien. Elle installe le spectacle dans un environnement à la fois contemporain, avec ses murs et ses tables métallisés, et moyen-ageux, avec ses costumes médiévaux.

Il y a, dans cette mise en scène, une sorte de course folle. Les entrées sont au pas rapides dans une scène épurée au maximum. Les événements se bousculent et déferlent. Plus Macbeth s'enfonce dans la violence, plus son univers se déglingue. Le capharnaüm s'installe jusqu'à ne devenir qu'un amas flou de l'univers de Macbeth qui s'effondre. L'environnement sonore et l'éclairage contribuent énormément à cette aura de fin du monde. L'ambiance est sombre, noire. L'éclairage également. Le chaos envahit la scène et le palais de Macbeth.

Énergie sans faille
Les comédiens investissent le plateau avec une maîtrise et une énergie sans faille. La performance d'Érika Gagnon est particulièrement prenante. Sa Lady Macbeth est saisissante, aussi maîtresse d'elle-même dans l'élaboration des complots que fragile au moment de sa mort. Jean-Sébastien Ouellette offre également une excellente interprétation de Macbeth. L'ensemble manque, par contre, d'une touche émotionnelle.

La traduction de Paul Lefebvre est magnifique. Le texte de Shakespeare, qui sous d'autres plumes coule plus durement, est d'une clarté limpide. Les mots glissent. Le bonheur d'entendre ce texte est total.

Un spectacle vivifiant
Un spectacle vivifiant qui clôture merveilleusement bien la saison du Trident. À voir pour Gagnon, Ouellette et la mise en scène de Bastien. Un Macbeth qui marque les esprits.

Au Trident jusqu'au 16 mai. Avec Charles-Étienne Beaulne, Claude Breton-Potvin, Samuel Corbeil, Jean-Michel Déry, Chantal Dupuis, Érika Gagnon, Eliot Laprise, Véronika Makdissi-Warren, Christian Michaud, Jean-Sébastien Ouellette, Lucien Ratio, Jack Robitaille et Réjean Vallée. Un texte de William Shakespeare dans une traduction de Paul Lefebvre. Une mise en scène de Marie-Josée Bastien.

Bon théâtre et bonne danse !

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