mercredi 8 avril 2015

Moi, dans les ruines rouges du siècle: quête familiale

Entre la grande et la petite histoire, toutes deux évoqués dans cette saga familiale, c'est la petite histoire qui marque. Celle de l'amour débordant d'un père pour son fils et la quête incessante d'un fils pour sa mère. Une histoire touchante qui va droit au coeur.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Stéphanie Capistran-Lalonde

L'histoire se déroule entre 1969 et 1996 dans une URSS prise dans un système qui finira pas s'effondrer. Dans ce monde en bouleversements, Sasha Samar, le personnage central de cette histoire, est kidnappé par un père à l'amour débordant. Alors que tout s'effondre autour de lui, son pays, ses rêves, ses idéaux, il tente par tous les moyens possibles de retrouver cette mère qui lui manque terriblement.

Amour filial
Cette pièce, qui raconte l'histoire personnelle du comédien Sasha Samar, est une merveilleuse histoire d'amour filial. D'un fils pour son père et sa mère mais, également, de l'amour possessif d'un père pour son fils. Un parcours touchant qui se déroule dans un monde qui bascule, celui de l'URSS. L'image est belle, un homme qui tente de se reconstruire dans un univers qui s'écroule. L'espoir est là. La vie bien présente. Et une croyance indéfectible en une possible vie heureuse.

Au-delà de cette quête familiale, Moi, dans les ruines rouges du siècle, est une ode à la vie. Une merveilleuse ode. Touchante. Remplie d'espoir malgré les nombreux bas de la vie de Sasha. Une lueur d'espoir dans les yeux, l'amour, même étouffant, de son père et un objectif qui guide chacun de ses pas l'amènent à affronter la vie et à chercher ce bonheur dont il a tant besoin. Et qu'on lui souhaite tout au long de la pièce.

Échelle humaine
Une histoire à la fois drôle et touchante ramenée à l'échelle humaine. Malgré les événements, parfois bouleversants, de l'histoire de l'URSS, Olivier Kemeid, l'auteur et metteur en scène, garde le spectateurs près des émotions et des bouleversements des personnages. Les événements sont évoqués pour tracer le parcours de Sasha Samar mais toujours l'amour filial, les amitiés et la quête sont au premier plan. L'émotion est vive. L'interprétation juste.

Une scène large, ouverte et passablement épurée domine. Tout est ouvert. Libre. Comme le rêve de liberté de Sasha et ce, même s'il est très attaché à sa famille. Une liberté que voudraient les Soviétiques également. Une mise en scène qui laisse toute la place au jeu des comédiens. Pour notre plus grand plaisir. Ruptures de ton, envolées lyriques, jeu physique des comédiens par moments prennent toute la place. Un savant mélange qui captive le spectateur.

Toute la distribution est excellente. Pascale Montpetit est merveilleuse dans le rôle de la mère. Robert Lalonde offre un père étouffant et aimant qui marque les esprits. Marilyn Castonguay et Geoffrey Gaquère sont solides dans de nombreux petits rôles secondaires. Sasha Samar est d'un naturel désarmant et touchant dans son propre rôle. Une belle brochette de comédiens.

Ravissement
Une quête humaine inspirante qu'il faut découvrir. Pour l'espoir d'un monde meilleur, rempli d'amour et de bonheur, qu'elle laisse entrevoir. Une quête personnelle qu'Olivier Kemeid a eu bien raison de faire découvrir au public. Le spectateur ne voit plus la vie du même oeil à la sortie du théâtre. Merci Olivier! Merci Sasha!

Au Périscope jusqu'au 18 avril. Avec Marilyn Castonguay, Geoffrey Gaquère, Robert Lalonde, Pascale Montpetit et Sasha Samar. Un texte et une mise en scène d'Olivier Kemeid.

Bon théâtre et bonne danse !

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