mercredi 27 avril 2016

La saison 16-17 de Premier acte

Premier acte offrira une saison 16-17 encrée dans la réalité du monde. C'est ce que la direction du diffuseur promet. Venez découvrir ce que Premier acte propose pour sa prochaine saison.

Un billet de Robert Boisclair

La saison 2016-2017 explore une grande variété d’esthétiques et de langages et compte aussi quelques «ovnis théâtraux». Elle ratisse large et emprunte bien des chemins de traverse. Et si une ligne directrice semble se dégager des onze propositions à l’affiche, les formes seront, quant à elles, plus éclatées que jamais.

Et puisque l’art théâtral ne peut être étranger au monde dont il est issu, la saison de cette année est résolument empreinte de cette réalité. Plusieurs des spectacles offerts l’interrogent, la critiquent, l’exposent. À certains moments, elle est présentée de façon bien nette, forte ou choquante, et parfois davantage en filigrane.

Crédit photo: Cath Langlois

La saison d'automne
En ouverture de saison, du 13 septembre au 1er octobre 2016, le Théâtre Kata présente Doggy dans gravel d’Olivier Arteau-Gauthier. Dans le but de se découvrir, de s’affranchir et de devenir quelqu’un, cinq scouts décident de se rendre en trottinette à un «après-bal» à Saint-Polycarpe. Une performance qui amalgame théâtre, musique et danse, pour mieux saisir les excès de l’adolescence.

Suivra Stockholm, le syndrome, texte de Gabriel Fournier présenté par la compagnie Le chien sourd, du 11 au 29 octobre 2016. C’est une journée comme les autres, en apparence, à l’intérieur des bureaux d’une grosse compagnie d’assurances jusqu’à ce qu’un homme se présente et séquestre six individus qu’il désigne comme responsables de ses malheurs. Une prise d’otages qui devient prétexte à une amusante plongée dans l’absurde…comme si Ionesco écrivait une comédie noire!

Puis viendra la pièce Envies, du 1er au 5 novembre 2016, écrite par Samantha Clavet et présentée par le Théâtre escarpé. Catherine parle des envies, des désirs, des pulsions de ses clients. Ou plutôt, des clients de Stacy, le personnage qu’elle incarne, le soir venu, pour aller soulager les pauvres hommes en manque de sexe qui ne peuvent recevoir de chaleur humaine qu’en payant pour en avoir. Une plongée sans pudeur, et pourtant sensible et touchante, dans l’univers d’une «escorte». Cette pièce est présentée hors les murs au bar Le Sinatra (anciennement L’Autre Zone).

Du 15 novembre au 19 novembre 2016, la pièce Parfois, la nuit, je ris tout seul, de Jean-Paul Dubois, présentée par le Théâtre de la marée haute, s’installera dans la salle intime de Premier Acte. Max et Mars entraînent le public dans un rêve fou et délirant, dans une aventure où les paysages, la musique, les voix, les mots, la lumière de la nuit et les soleils du jour éblouissent et font vibrer comme lorsque décolle l’avion... Deux clowns-tragiques-postmodernes plongent dans les univers de Mano Solo et de Jean-Paul Dubois.

Fuck toute de Catherine Dorion et Mathieu Campagna sera à l’affiche du 24 novembre au 3 décembre 2016. Les textes anonymes rassemblés dans Fuck toute, glanés en particulier sur la blogosphère, ne s’attaquent pas aux «problèmes» de notre société, mais à sa triste absurdité. Ils s’en gaussent jusqu’à la moelle. Que faire avec le manque de sens? D’autres sens. Des mots, de la musique et du son qui torchent. Deux artistes et un public dans une intimité presque gênante.

Pour poursuivre la tradition, et juste à temps pour les Fêtes, du 8 au 18 décembre 2016, La Vierge folle, en collaboration avec le Musée de la civilisation et le Centre de valorisation du patrimoine vivant, revient avec Les contes à passer le temps. Six auteurs et acteurs ont dévoré leur quartier pour mieux nous raconter Québec. Selon la tradition du conte urbain, ils composent une fresque diversifiée et chaleureuse pour célébrer Noël et notre Vieille Capitale. Cette pièce est présentée hors les murs à la Maison Chevalier, 50, rue du Marché-Champlain.

La saison d'hiver/printemps
L’hiver 2017 débutera, du 17 janvier au 4 février, avec Le jeu, de Samuel Corbeil, troisième pièce présentée à Premier Acte par Le collectif du Vestiaire (Julie-Tragédie canine et Sauver des vies). De jeunes amoureux en vacances s’empêtrent tranquillement dans un jeu de rôles anodin. Utilisant au départ ce prétexte pour se séduire, ils sont peu à peu pris dans ce manège malsain, faisant surgir un rapport d’orgueil et de force. Quand un jeu, un banal jeu de rôles, pousse deux personnes dans leurs derniers retranchements. Un texte librement inspiré de Milan Kundera.

Du 14 février au 4 mars 2017, La brute qui pleure présente son premier spectacle : Froid, un texte de Lars Norén. Trois jeunes gens flânent dans une belle clairière suédoise. Ils fêtent la fin de l’année scolaire. Le soleil plombe, l’ambiance est détendue, ils se chamaillent, discutent de foot, déconnent. Aussi, ils parlent de chasser des métèques, de la pureté de la Suède et de la suprématie de la race blanche. Puis arrive Karl, un jeune du même âge, mais d’origine asiatique. Un regard implacable sur le racisme et l’intolérance. Un texte puissant, actuel et, par les temps qui courent, essentiel.

Suivra immédiatement la pièce Trafiquées, présentée par Les Gorgones, du 14 au 25 mars 2017. Elle n’a pas de nom. À quatorze ans, elle part à la recherche de liberté et de respect. On lui a promis un métier, l’autonomie. En plein après-midi, dans un stationnement de Montréal, elle est vendue avec cinq autres filles et est forcée de se prostituer. Aujourd’hui condamnée et emprisonnée pour meurtre, elle nous fait le récit de ce qui l’a menée à accomplir cet acte de survie. Le trafic d’être humain, vu par le biais du récit poignant d’une jeune adolescente victime de cette exploitation innommable.

[Mal]heureuses, texte d’Élodie Cuenot présenté par CARGØ Théâtre, prendra l’affiche du 4 au 22 avril 2017. Manuel est auteur et tente d’achever le triptyque biographique qu’il écrit sur trois femmes de dictateurs (Asma El Assad, Margherita Sarfatti et Elena Ceausescu). Au fil de ses recherches et de ses questionnements, les figures féminines historiques et quotidiennes l’entourant s’entremêlent jusqu’à ébranler ses repères et laissent, dans leur sillage, plus de questions que de réponses. Jusqu’à ce que l’histoire rejoigne la réalité de Manuel. Entre documentaire et fiction, la vie et le destin de trois femmes de dictateurs.

En clôture de saison, du 2 au 6 mai, Pan to gēmu (du pain et des jeux) d’Opus neuf. À Tokyo, Michaël Bernier, ex-joueur de hockey semi-professionnel québécois devenu acteur kabuki, fait ses débuts comme onnagata. Dans la frénésie du trac, par le récit de ses souvenirs, il plonge le spectateur au cœur des grands rites de passage qui mènent à la vie adulte, à l’identification et à l’affirmation de soi. Il y évoque pareillement les rêves brisés et les accidents de parcours fructueux. Un solo théâtral qui emprunte équitablement à la danse, à la musique et à la performance pour raconter un dessein exceptionnel, celui d’une conversion par l’ouverture.

Bon théâtre et bonne danse !

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