mercredi 11 octobre 2017

Triptyque Cryptique: mondes insolites

Ludique, déjanté et surprenant sont les mots qui me viennent à l'esprit en repensant à ce spectacle unique. Retour sur un moment de pur plaisir.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Maxime Daigle
Triptyque Cryptique propose trois duos, trois univers intimes, des aventures vécues à deux, des territoires habités par des êtres au caractère très distinct, tour à tour indissociables, complices ou en opposition. Trois duos créés spécifiquement pour six interprètes de Québec, qui voyagent à la rencontre du vocabulaire physique, de la gestuelle minutieuse et de l’imaginaire déjanté et fantasmagorique de la chorégraphe Lina Cruz. Trois duos et trois univers tous plus insolites les uns que les autres:

Tunnel #3
Un couple incongru, tel un pair et un impair, survient dans un espace sous-terrain.

Tempo al dente
Insouciantes et coquines, ces deux âmes soeurs partent en grand voyage.

En attendant la nuit blanche
Deux copains plongent dans le vaste vide d'une nuit d'insomnie.

Mondes insolites
Lina Cruz et les danseurs ont su créer trois univers uniques et particuliers qui ne ressemblent à rien de connu. Des univers où l'ambiance sonore ainsi que les mots et les sons prononcés sont aussi importants que les mouvements des danseurs.

Crédit photo:Llamaryon
Le premier, Tunnel #3 (avec Harold Rhéaume et Lydia Wagerer), propose un monde proche de l'animalité. Dans leur monde les bruits côtoient un extrait de La vie en rose d'Édith Piaf. Les danseurs dans ce premier duo, comme dans les autres d'ailleurs, se fondent, se mêlent harmonieusement bien à l'ambiance créée par l'environnement sonore. Ils y participent tout en s'y fondant.

Avec Tempo al dente les danseuses, Raphaëlle Fougères et Geneviève Robitaille, dans un univers où le temps occupe toute la place. Elles sont un peu comme le mouvement d'horlogerie du cadran de l'horloge qui les accompagne. Leurs mouvements y ressemblent même par moments. Elles tournoient, jouent avec les aiguilles et elles nous parlent du temps, dans un magnifique moment où elles défilent en choeur quelques expressions temporelles.

Le troisième duo En attendant la nuit blanche, avec Fabien Piché et Jean-François Duke, nous entrainent dans une nuit d'insomnie qui se donne des airs de bandes dessinées. Ces insomniaques sont accompagnés du musicien bruiteur Philippe Noireaut qui complète merveilleusement bien ce duo. Un moment complètement déjanté et plus humoristiques que les autres. Mais l'humour n'est pas absent des deux autres, bien au contraire.

Ludisme
Le jeu est bien présent dans ce spectacle. Les objets sont transformés, c'est particulièrement vrai avec Tempo al dente où le titre a une très grande importance, et réutilisés. Le spectateur découvre un terrain de jeu où les danseurs, tels des enfants, le surprennent à chaque détour, à chaque mouvement, à chaque pas de danse. L'environnement sonore occupent une très grande place dans le spectacle. Il constitue un troisième danseur faisant de chacun d'eux un trio plutôt qu'un duo.


Pur bonheur
Ce spectacle est un pur bonheur à voir. Il est une occasion unique de décrocher de son quotidien, de se plonger dans un monde insolite où le plaisir est roi. Un spectacle qu'il faut absolument voir avant qu'il nous quitte le 20 octobre.

Allez-y surtout si vous aimez: décrochez de votre quotidien, voir des danseurs de plusieurs générations, les univers insolites et déjantés.

À La Rotonde jusqu'au 20 octobre. Avec Jean-François Duke, Raphaëlle Fougères, Fabien Piché, Harold Rhéaume, Geneviève Robitaille, Lydia Wagerer et Philippe Noireaut. Une chorégraphie de Lina Cruz.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Lina Cruz ici (vers la vingtième minute de l'émission du 9 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!

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