jeudi 9 novembre 2017

Abadou veut jouer du piano: rocambolesque!

Abadou veut jouer du piano tient à la fois du boulevard, de l'absurde et du théâtre d'été dans sa facture. Le texte, quant à lui, semble tout droit sorti des Aventures de Rocambole, alors que le héros de cette aventure en vit des invraisemblables.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Cath Langlois
Un homme d’une banalité déconcertante est pris dans les rouages infernaux d’une soirée de cauchemar où chaque rencontre inattendue devient un véritable obstacle à sa quête : donner une leçon de piano.

Une cascade d'événements l'ayant forcé à quitter son village natal, Jaquelin Belenfant, décide de refaire sa vie dans la grande ville qu'est Montréal. Il a trouvé son karma, il sera professeur de piano. À peine installé dans son nouvel appartement le destin se déchaîne et les événements, tous plus absurdes les uns que les autres, se bousculent au portillon de son appartement. Le tout se terminera dans un tourbillon complètement rocambolesque.

Rocambolesque
Crédit photo: Cath Langlois
Dans un décor quelque peu surréaliste, une sorte de croisement entre le décor de théâtre d'été et de théâtre amateur, un comédien attend le spectateur dans la noirceur qui règne sur la scène. Dès que les lumières s'éteignent dans la salle, le ton est donné avec le message précédant le spectacle. Il sera absurde.

Peu d'accessoires, trois portes et une fenêtre sans verre annoncent que le boulevard, avec ses claquements de porte et sa mécanique précise, sera une dominante du spectacle. Les catastrophes s'accumulent rapidement dans un texte de plus en plus alambiqué. Les situations les plus invraisemblables s'ajoutent les unes aux autres pour en faire un mélange tellement absurde que certains gags ratent leur cible.

La mécanique du boulevard, si elle est quelque peu au ralenti en début de spectacle et que le tout tarde un peu à se mettre véritablement en branle, s'affine en cours de route pour prendre son véritable envol. Le rythme soutenu contribue alors à notre plaisir.

Le texte rocambolesque impose une surenchère criarde qui agace. Cette débauche de cris qui s'accentue à l'approche du dénouement, rend la finale un peu cacophonique. Le metteur en scène, qui est aussi l'auteur et dont l'idée de départ est fort intéressante, aurait eu intérêt à limiter les effets tape-à-l'oeil et tapageurs. Un petit resserrement ici et là règlerait le tout.

Le texte offre de bons moments. Le public jeune semble particulièrement apprécié l'humour absurde servi ici. On rit de bon coeur et on se plait à découvrir la prochaine tuile qui tombera sur la tête du protagoniste principal.

Les comédiens, qui ne sont pas toujours au diapason en termes langagiers, offrent de bonnes performances. Le plaisir de jouer est bien présent, les parodies sont évidentes et les personnages bien définis.

Crédit photo: Cath Langlois
Succès de foule
Le spectacle, qui s'affinera au fil des représentations, a toutes les qualités d'un succès de foule. Il n'y manque que quelques modulations. Abadou veut jouer du piano mérite le déplacement, question de mettre son cerveau de côté et de découvrir des personnages déjantés. Une belle occasion d'avoir un regard neuf et distancié de nos petits problèmes quotidiens. Notre quotidien est bien calme au regard de celui du protagoniste principal... et c'est peu dire!

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre absurde voire rocambolesque, découvrir de jeunes talents de Québec et Montréal.

À Premier acte jusqu'au 25 novembre. Avec Dayne Simard, Marie-Ève Bérubé, Mathieu Grignon, Maxim Paré-Fortin, Nathalie Séguin, Nicolas Centeno, Olivier Arteau et Pierre-Antoine Pellerin. Un texte et une mise en scène d'Hilaire St-Laurent Sénécal.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Hilaire St-Laurent Sénécal, auteur et metteur en scène, Nicolas Centeno, comédien, et Hugues Callières, directeur de production, ici (au début de l'émission du 30 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!

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