jeudi 2 novembre 2017

Major Motion Picture: épiphanie du mouvement

Sept danseurs qui deviennent quinze personnages, voilà ce que offre Major Motion Picture dans une production à la fois dansée et cinématographique. Une production où l'effet miroir domine dans un univers à la fois mystérieux et cauchemardesque.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Wendy D.
Dans cette nouvelle production de la troupe vancouvéroise Out Innerspace Dance Theatre, sept danseurs – interprétant quinze personnages différents – luttent pour le contrôle d’un territoire, perdant ou gagnant de l’espace au profit de plus de pouvoir, ou de plus reconnaissance. La compagnie propose d’assister à l’affrontement de deux gangs à coup d’intrigues mystérieuses et d’images obsédantes, au rythme d’une trame sonore digne des meilleurs films à suspense. Major Motion Picture convie à une fable dystopique explorant les thèmes orwelliens de la surveillance, du pouvoir, de la propagande et de la conquête des territoires physiques et identitaires. Une fable sombre et teintée d’humour.

Épiphanie du mouvement
Le spectacle divisé en deux temps est une merveilleuse épiphanie du mouvement. Le mouvement y est mis en évidence. Le geste est fluide. Il est lent ou rapide. Métamorphosé aussi. Les images proposées par la gestuelle très typique de la troupe sont parfois surprenantes ou teintées d'un bel humour. L'impression qui se dégage est celle de l'essence même du mouvement. Un peu comme si soudainement sa compréhension intrinsèque jaillissait en plein visage. La nature même du mouvement n'étant plus un mystère.

Crédit photo: Wendy D., M. Doucette
Dans le première partie, le spectacle est scindé en deux blocs d'environ 45 minutes, les sept danseurs personnifient deux gangs de sept individus qui s'observent sans jamais se rencontrer directement alors qu'un étrange personnage sans tête squatte le territoire. En deuxième partie, les deux gangs finissent par se rencontrer alors que l'étrange personnage rôde toujours. Des caméras espionnent les protagonistes... tout comme les spectateurs.

Raymond et Tregarthen propose une très belle fable dans un univers à la fois mystérieux et cauchemardesque. Major Motion Picture est à la fois spectacle de théâtre, de cinéma, à la manière des films muets où la musique est aussi importante à l'ambiance que le déroulement de l'action, ou de mime, les danseurs sont cagoulés ou masqués, grâce à un effet de maquillage fort bien réussi.

Un petit je-ne-sais-quoi
Les spectacles qui nous arrivent de Vancouver ont un petit je-ne-sais-quoi qui me fascine. Ils arrivent avec un style typique de cette région. Ils sont toujours, selon moi bien sûr, un peu hors des sentiers battus. La rencontre, l'observation s'y glisse souvent. Ils sont à la fois mystérieux et fascinants. Et celui-ci ne fait pas exception. Des spectacles qui donnent le goût de traverser le continent pour voir une saison complète de la scène dansée vancouvéroise.

Les danseurs de ce spectacle sont absolument magnifiques. Des performances très dynamiques et physiques. La première partie du spectacle est particulièrement exigeante puisque nombre des chorégraphies proposées sont à sept danseurs et exigent une très grande précision.

La finale de ce spectacle est fort touchante alors que l'étrange créature se métamorphose. Une bonne dose d'espoir dans cet univers où la surveillance est reine et la prise de pouvoir est roi.

Crédit photo: Wendy D. 
À découvrir
Major Motion Picture vous fera vibrer si vous aimez la danse qui sort de son cadre habituel. Il vous transportera dans un monde imaginaire peuplé de créatures auxquelles on s'attache. Il vous fera sourire et rire par moments. Un beau moment dansé à découvrir.

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre, la danse, le cinéma ou le mime, les univers insolites, l'humour bon enfant, vous faire surprendre dans un spectacle de danse, les performances dansées.

À La Rotonde jusqu'au 3 novembre. Une discussion avec les artistes aura lieu après la représentation de ce soir. Avec Emmanuelle LêPhan, Renée Sigouin, Peter Chu, Tiffany Tregarthen, Elya Grant, Isak Enquist et David Raymond. Une chorégraphie de David Raymond et Tiffany Tregarthen, avec la complicité des interprètes.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec David Raymond ici (vers la quarantième minute de l'émission du 30 octobre).

Bon théâtre et bonne danse!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire