vendredi 15 décembre 2017

Les lauréats aux Prix de la critique de Québec

La section Québec de l’Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) a remis ce mercredi devant public lors d’un 5 à 8 à la Maison de la littérature ses Prix de la critique pour la saison 2016-2017. Voici la liste des lauréats.

Un commentaire de Robert Boisclair (largement inspiré du communiqué de presse)


Prix spécial — Québec
Un prix spécial a été remis à la compagnie La Vierge folle pour
LES CONTES À PASSER LE TEMPS.

Maxime Robin, Sophie Grenier-Héroux, Sophie Thibeault
Crédit photo: Simon Lambert
Les critiques de Québec tenaient à souligner l’excellence et l’originalité de ce spectacle bien ancré à Québec, véritable fresque singulière, festive, diversifiée et chaleureuse pour célébrer Noël et notre belle ville.

Un lieu tout aussi empreint d’histoire que magnifique; une ambiance conviviale et festive; de joyeux lurons et des contes brillamment dialogués et joués, sans oublier le maintenant légendaire bar à desserts! Voilà qui semble être la recette secrète des Contes à passer le temps.

Installés depuis sept ans à la maison Chevalier, Les contes sont devenus une tradition théâtrale incontournable à Québec. Chaque édition a su réinventer la ville, la mettre à jour, faisant émerger de chaque quartier son côté fou, horrifique, fantastique, amoureux.

En dépoussiérant la tradition contée québécoise, Maxime Robin et toute son équipe de La Vierge folle ont créé une plateforme qui offre une chance unique à de nouveaux auteurs comme à des auteurs établis, voire du dimanche, de faire connaître leur plume, leurs mots et leur amour pour la Vieille Capitale.


Dans la catégorie « Jeune public »
RICHARD, POLICHINEUR D’ÉCRITOIRE; texte Stéphane Georis; mise en scène Francy Begasse; adaptation et interprétation Sylvain Massé; productions Danalou

Sylvain Massé
Crédit photo: Simon Lambert
Cette réjouissante trilogie shakespearienne racontée par Sylvain Massé est une vive invitation à connaître et à aimer la littérature, la culture, le théâtre et l’humain. Jouant d’originalité et d’ingéniosité dans la narration, dans les matériaux et dans les manipulations, cette proposition nous a ravis par sa cohérence, sa pertinence et sa belle folie.

Les autres finalistes étaient :
LES CHOSES BERÇANTES; conception et mise en scène Véronique Côté; Théâtre des confettis
TERZETTTO; idée originale, direction artistique et mise en scène Christine Rossignol; auteurs et interprètes Elizabeth Gaumond, Dominique Grenier, Marie-Michèle Pharand; L’Aubergine


Dans la catégorie « Hors Québec »
DES ARBRES À ABATTRE; production du Teatr Polski de Wroclaw, présentée lors du Carrefour international de théâtre de Québec

Marie Gignac du Carrefour international de théâtre de Québec
Crédit photo: Simon Lambert
Plaidoyer pour l’art total et œuvre d’un théâtre de résistance, Des arbres à abattre nous a bousculés par son audace et sa radicalité. Ce portrait corrosif du milieu artistique viennois est porté par des ambiances et un jeu d’une finesse bouleversante, dans une mise en scène implacable ; un spectacle dont nous nous souviendrons longtemps.

Les autres finalistes étaient :
ET SI ELLES Y ALLAIENT, À MOSCOU?; Cia Vértice de Teatro; Rio de Janeiro
UN FAIBLE DEGRÉ D’ORIGINALITÉ; L’Amicale de production; Lille
FOREIGN RADICAL; Theatre Conspiracy; Vancouver


Dans la catégorie « Meilleure mise en scène »
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ; texte William Shakespeare; traduction Michelle Allen; mise en scène Olivier Normand; coproduction Le Trident / FlipFabriQue

Josée Garceau de FlibFrabriQue, Olivier Normand
Crédit photo: Simon Lambert
Olivier Normand a offert une version très personnelle d’un classique traité sans déférence et avec beaucoup de liberté. La scène d’ouverture du spectacle qui passe d’une facture classique pour s’ouvrir sur un monde imaginaire et magique le démontre bien. L’apport de Flip Fabrique donne une saveur elfique tout à fait à propos à ce songe où facéties et jeu bouffon sont bien arrimés. Une mise en scène originale et poignante faite de chair, de voiles et d’étreintes.

Les autres finalistes étaient :
LES MARCHES DU POUVOIR (FARRAGUT NORTH); texte Beau Willimon; traduction David Laurin; mise en scène Marie-Hélène Gendreau; production de La Bordée
FAR AWAY; texte Caryl Churchill; mise en scène Édith Patenaude; coproduction Théâtre Blanc et Théâtre de l’Escaouette

Dans la catégorie « Meilleur texte »
L’ART DE LA CHUTE; mise en scène et direction de la création Jean-Philippe Joubert; texte et scénario Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Joubert, Danielle Le Saux-Farmer, Olivier Normand, Pascale Renaud-Hébert; avec la collaboration de Claudia Gendreau, Valérie Laroche et Marianne Marceau; Nuages en pantalon

Valérie Laroche, Jean-Philippe Joubert, Simon Lepage, Olivier Normand
Crédit photo: Simon Lambert
L’art de la chute propose une plongée ambitieuse dans les sphères de l’art et de la finance. La maitrise du sujet, contemporain et pertinent, et une recherche fouillée et rigoureuse ont mené à un spectacle d’une grande cohésion et d’une profondeur remarquable. Multipliant avec ingéniosité les espaces d’écriture, le texte trace d’étonnantes passerelles entre capitalisme et art, en plus de rendre visible la pente glissante, pour ce dernier, dès lors qu’on lui donne un prix.

Les autres finalistes étaient :
FIRE LAKE, VILLE MINIÈRE, 1986; texte Maxime Allen; mise en scène Lorraine Côté; Théâtre Niveau Parking
DOGGY DANS GRAVEL; texte et mise en scène Olivier Arteau-Gauthier; Théâtre Kata

Dans la catégorie « Scénographie »
887; scénographie Robert Lepage et Sylvain Décarie; coproduction Ex Machina et Le Trident

Robert Lepage, Sylvain Décarie
Crédit photo: Simon Lambert
Robert Lepage a toujours su donner le beau rôle à la ville qui l’a vu naître et grandir. Dans 887, celle-ci s’anime et revit plusieurs moments marquants de la grande et petite histoire, grâce à la conception scénographique astucieuse de l’auteur et du concepteur Sylvain Décarie. Le décor, au premier coup d’œil d’une remarquable simplicité, cache une conception singulière et complexe, un tour de magie scénographique qui ravit, encore une fois, l’œil et le cœur.

Les autres finalistes étaient :
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ; scénographie Véronique Bertrand; Le Trident / FlipFabriQue
DREAMLAND; scénographie Théâtre Rude Ingénierie en collaboration avec Vano Hotton; Théâtre Rude Ingénierie

Dans la catégorie « Interprétation féminine »
SAVINA FIGUERAS, pour ses rôles dans Les véritables aventures de Don Quichotte; texte et mise en scène Philippe Soldevila, d’après Cervantès; coproduction Théâtre Sortie de secours, Pupulus Mordicus et Gataro.

Savina Figueras au moment de l'annonce de son prix.
Crédit photo: Simon Lambert
Dans une proposition folle et éclatée tournant autour de l’histoire de Don Quichotte, la comédienne catalane Savina Figueras s’est livrée avec humour et générosité. Alternant des lignes de texte en espagnol, en catalan et en français, elle démontrait un plaisir évident d’être sur les planches, mélangeant le jeu et la manipulation de marionnettes dans cette création pleine d’audace de Philippe Soldevila.

Les autres finalistes étaient :
VALÉRIE LAROCHE, Constellation; texte Nick Payne; traduction David Laurin; mise en scène Jean-Philippe Joubert; Le Trident
DEBBIE LYNCH-WHITE, J’accuse; texte Annick Lefebvre; mise en scène Sylvain Bélanger; Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

Dans la catégorie « Interprétation masculine »
JACQUES LEBLANC, pour son rôle d’Harpagon dans L’avare; texte Molière; mise en scène Bertrand Alain; production de La Bordée

Crédit photo: Simon Lambert
Presque trente ans après son incarnation de La Flèche dans L’Avare, voilà que Jacques Leblanc s’est glissé dans la peau d’Harpagon, rôle construit sur mesure pour son talent. Grâce à une maitrise parfaite du geste, ses mimiques déclinaient autant de facettes du risible que du dégoût. Il a su, par sa justesse et sa sensibilité, faire émerger l’humanité de l’avare, l’élevant ainsi bien au-delà de son seul défaut.

Les autres finalistes étaient :
ROBERT LEPAGE, 887; coproduction Ex Machina et Le Trident
DAVID BOUCHARD, Froid; production La Brute qui pleure

 Dans la catégorie « Meilleur spectacle »
L’ART DE LA CHUTE; mise en scène et direction de la création Jean-Philippe Joubert; texte et scénario Véronique Côté, Jean-Michel Girouard, Jean-Philippe Joubert, Danielle Le Saux-Farmer, Olivier Normand, Pascale Renaud-Hébert; avec la collaboration de Claudia Gendreau, Valérie Laroche et Marianne Marceau; Nuages en pantalon

Valérie Laroche, Jean-Philippe Joubert, Simon Lepage, Claudia Gendreau, Olivier Normand
Crédit photo: Simon Lambert
Réunissant un impressionnant collectif de créateurs, L’art de la chute a su, de manière constructive, ludique et percutante, aborder certains sujets d’une contemporanéité et d’une complexité remarquables. D’une ambition technique parfois considérable, la mise en scène, axée sur la performance des acteurs et actrices, a démontré une profondeur et une inventivité éblouissante, et ce, avec beaucoup de liberté.

Les autres finalistes étaient :
887; production Ex Machina et Le Trident
LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ; production Le Trident et FlipFabriQue

Les Prix de la critique remis par l’AQCT
Les Prix de la critique sont remis annuellement depuis 1985 par l’intermédiaire d’un vote des membres de l’Association québécoise des critiques de théâtre suivi d’une discussion. L’AQCT compte une trentaine de membres œuvrant dans une dizaine de médias à Montréal et à Québec.

Bon théâtre et bonne danse !

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