jeudi 7 décembre 2017

Mécaniques nocturnes: noire machine

La danseuse et chorégraphe Anne Plamondon offre une belle mécanique du mouvement baigné dans un univers aussi noir que la nuit. Le geste coule et s'exprime. Il est mystérieux et expressif.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Michael Slobodian

Si Mécaniques nocturnes est un objet bien rodé, il est bien difficile de décrire ce spectacle en quelques mots. Voici tout de même ce qu'en dit le site de La Rotonde:

Revenir là où tout a commencé, à la source du premier geste, de la première envie : cette ligne horizontale. Avec le temps, autour de celle-ci est venue se greffer cette structure, esquisse du bâtiment imaginé en devenir, jamais achevé, qu’est l’édifice d’une existence. C’est en son cœur, dans son obscurité cachée, que s’élabore la mécanique humaine du geste et de la force qu’il génère. Entre la résistance et l’abandon, il y a la peur, mais tout de même aussi ce mouvement intime, ce battement primitif et animal : la mystérieuse pulsion de créer et de construire, impossible à taire. Le geste précède la pensée et le corps vient nommer, avant que la parole ne dise, la forme nouvelle et la couleur d’un futur naissant. 

Noire machine
Mécaniques nocturnes est une machine bien rodée. Dans une ambiance qui s'apparente au crépuscule, elle multiplie les gestes et les mouvements exprimant le changement, la transformation. L'évolution de la vie. Nous ne sommes pas aujourd'hui ce que nous serons demain. Et celui ou celle que nous sommes en ce moment n'est pas identique à l'humain de la veille.

Dans un décor composé d'une barre de ballet et d'une structure métallique, Anne Plamondon fait corps avec ces objets. S'y colle. La structure et la barre deviennent de véritables partenaires. Un magnifique écrin chorégraphique. À la fois fragile et costaud. Représentation d'un monde en transformation, en changement? D'un monde qui se construit, sans doute. Le changement encore une fois est au coeur du spectacle.

La gestuelle d'Anne Plamondon est faite de contrastes. Elle oscille de l'infiniment petit aux mouvements amples. Elle est précise ou saccadée, lente ou rapide. Malheureusement, il y manque une dose d'émotion. Si le spectacle est techniquement magnifique et que l'on admire le travail physique de l'artiste, une certaine lourdeur s'y glisse créant un détachement chez le spectateur.

À découvrir
Le spectateur ressort de cette noire machine avec une admiration sans borne pour les qualités artistiques d'Anne Plamondon. Une magnifique danseuse et une chorégraphe inspirée qu'il faut découvrir.

Allez-y surtout si vous aimez: le travail d'Anne Plamondon, les questionnements introspectifs, la transformation du corps au contact des objets.

À La Rotonde jusqu'au 8 décembre. Avec Anne Plamondon. Une chorégraphie d'Anne Plamondon. Une mise en scène de Marie Brassard.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec Anne Plamondon ici (vers la vingtième minute de l'émission du 4 décembre).

Bon théâtre et bonne danse!

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