mercredi 7 février 2018

Closer - Tout contre toi: la douleur d'aimer

Un théâtre sensuel, un langage cru, des couples qui se déchirent et qui vivent dans la douleur d'aimer. Un programme qui peut sembler lourd mais qui, en bout de course, questionne sur sa propre attitude amoureuse.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Qui perd gagne
Deux hommes et deux femmes jouent le jeu de la séduction et se lancent dans un dangereux chassé-croisé amoureux qui ne laissera personne indemne. Pour ces quatre écorchés de la vie le sexe, cet agréable baume qui fait oublier la douleur d'aimer, masque très mal la panique devant le sentiment amoureux. Ils passent à côté de leur vie et vivent leurs obsessions amoureuses dans une spirale sans fin de vérités et de mensonges devinés.

S'il te plait, je veux pas que tu me détestes.
C'est plus facile que de t'aimer.

Passerelle de l'amour

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

La mise en scène de Marie-Josée Bastien, qui utilise une passerelle, sorte de ring où auront lieu les combats amoureux, mets splendidement en évidence le magnifique jeu des comédiens. À chaque extrémité, les deux résidences des couples. Au sol, des mots qui seront prononcés, ou pas, tout au long de ce combat. Les mots seront durs, parfois crus. L'éclairage enrobe joliment cette passerelle de l'amour où tout n'est que jeu et vengeance.

Vieillis avec moi... meurs avec moi... Marie-toi avec moi.

Les comédiens sont magnifiques. David Bouchard et Claudiane Ruelland domine légèrement cette tendre guerre où l'ennemi est le partenaire. Et s'ils dominent, c'est qu'ils ont hérité des moments forts de la pièce.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Claudiane Ruelland, magnifique Alice et renversante de sensualité, David Bouchard, impressionnant de sensibilité, Alexandrine Warren, éblouissante de vulnérabilité et Jean-Michel Déry, admirable d'insensibilité et d'intensité, constituent un quatuor de rêve pour cette guerre de l'amour.

Je suis pas tombé amoureuse de lui, j'ai choisi de l'être.

Parmi les scènes marquantes, il y a celle de la double rupture. Magnifique moment où les deux couples se brisent en répliques entrecoupées. Superbes instants qui mettent bien en évidence la fragilité de l'amour et du couple.

Instinct primaire contre rêve amoureux
L'instinct primaire masculin affronte le rêve d'amour féminin. Les hommes sont plutôt primitifs dans leur approche de l'amour. Cela passe par le sexe d'abord. L'amour est viscérale. Les femmes sont à la recherche de l'amour mais ne savent pas toujours comment l'accepter. L'amour est émotion.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Sans doute, pour les quatre amoureux, sont-ils trop écorchés par la vie pour comprendre ce qu'est l'amour. Pour l'accepter. L'amour s'il est là parfois, n'est pas toujours reconnu. Aimer fait mal. Aimer est difficile. Le sexe est la porte de sortie. Baiser, passer au suivant permet de retrouver un bonheur factice qui dure le temps que durent les roses. Une illusion d'amour. Alors ils s'aiment, se bafouent, se laissent. Puis le manège recommence dans un cycle sans fin. La brutalité, dans les mots et dans les gestes, est féroce. La perversité est froide.

Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre intelligent, les réflexions corrosives et pertinentes sur le couple, le théâtre sensuel, le langage cru.

Une présentation du Périscope au Centre des congrès de Québec jusqu'au 22 février. Avec David Bouchard, Jean-Michel Déry, Claudiane Ruelland et Alexandrine Warren. Un texte de Patrick Marber dans une traduction de Fanny Britt. Une mise en scène de Marie-Josée Bastien.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview avec David Bouchard et Jean-Michel Déry ici (vers la vingtième minute de l'émission du 29 janvier).

Bon théâtre et bonne danse!

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