mercredi 25 avril 2018

Os, la montagne blanche: esprit de communauté

Esprit de communauté, théâtre métamorphosé et masculinité recomposée s'offrent sur une musique planante dans ce nouvel opus de Steve Gagnon. Un moment de théâtre unique qui s'évaporera le 5 mai prochain.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Magali Cancel
Synopsis (tiré du site web du Périscope)
Après la mort de sa mère, un homme quitte tout pour partir travailler sur un site archéologique. Entre une correspondance avec son amoureuse restée au Québec et ses conversations avec la dame qui l’héberge, il réfléchit sur la mort, sur le passé, sur l’homme à travers le temps, sur ce que signifie être un homme, sur la passation du sang, de la force et du courage.

Moi je voulais qu'on allume des bouquets extravagants de feux de bengale
pour éblouir combien tu me manques.
Eux, les prêtres, le curé, ils ont allumé des cierges blancs électriques pour éclairer la poussière.
Il n'y a eu aucune, aucune étincelle, rien pour réchauffer nos prières.

Métamorphoser l'expérience théâtrale
Vivre Os, la montagne blanche c'est s'aventurer dans une zone théâtrale complètement transformée. L'entrée se fait dans une salle enfumée vide de ses sièges. L'expérience théâtrale se vivra sur pied pour le spectateur comme pour cet homme seul qui doit se tenir debout. Un homme qui a besoin de courage pour affronter la vie, sa vie.

Un lieu dépouillé pour laisser toute la place à la parole. Lancée comme un cri du coeur par un comédien investi. La musique planante, jouée en direct, accompagne un texte qui parfois se perd dans la logorrhée du comédien. La merveilleuse poésie de Gagnon, douce mélodie du coeur, se perd alors dans un bruit de paroles lancées trop rapidement. Le texte devient slam à la vitesse grand V. La quête de sens n'en est pas moins intéressante. Elle demande un effort supplémentaire.

Crédit photo: François Roy
Cette masculinité qui nous échappe
Ce qui est intéressant dans l'oeuvre de Gagnon, et Os, la montagne blanche ne fait pas exception, c'est ce questionnement sur la masculinité. Du deuil de la mère au voyage initiatique en passant par la crise amoureuse, il propose une réflexion sur cette masculinité qui nous échappe. Celle que l'on ne questionne jamais ou presque.

L'homme que l'on ne définit qu'avec quelques critères bien précis, il se doit d'être fort ou encore il n'étale pas ses émotions, prend diverses formes dans l'oeuvre de Gagnon. Il est moins stéréotypé. Il crie haut et fort son amour pour sa mère ou encore il se questionne sur le sens de sa vie. L'humain de sexe masculin devient un peu plus complexe, un peu plus complet. L'homme blessé cherche une réponse et un sens à sa vie. Il sort des sentiers battus pour s'ouvrir au monde.

Crédit photo: Magali Cancel
Esprit de communauté 
Sans siège et sans distance aucune, le comédien et le public ne font plus qu'un. Ils forment un microcosme de communauté. Les spectateurs sont libres, ils peuvent aller et venir, se placer tout près du comédien, le toucher même. Cet esprit de communion, cette communauté, c'est ce qui fait la beauté d'Os, la montagne blanche. Un pur moment de partage où le théâtre devient la réalité de chacun des participants, spectateurs et comédien. C'est ce qui rend ce spectacle unique. Un moment privilégié qui ne repassera pas.

Courez voir Steve Gagnon, vous ne regretterez pas votre déplacement. Et puis, vous pourrez sans doute danser avec le comédien et ça, vous ne le vivrez qu'une fois au théâtre.

Allez-y surtout si vous aimez: l'intimité, les quêtes d'absolu, le théâtre de Steve Gagnon, être déstabilisé.

À La Maison pour la danse dans le cadre de la saison du Périscope nomade jusqu'au 5 mai. Avec Steve Gagnon. Un texte et une idée originale de Steve Gagnon. Une mise en scène de Denis Bernard.

Bon théâtre et bonne danse!

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