jeudi 17 mai 2018

Bigico, soirée découverte de la gigue contemporaine: pieds tendres

La Rotonde vous invite à un spectacle qui rebrasse les codes de la gigue, les transforme, l'amène ailleurs, là où on l'attend le moins. Elle s'évade des pieds, mais y demeure un peu tout de même, pour envahir le corps tout entier. Le squatter avec ses cliquetis qui prennent moult formes pour devenir frappements, claquements, frottements ou clapotis.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Valérie Sangin
Synopsis (tiré du site de La Rotonde)
Depuis 2005, la BIGICO se faufile dans le paysage de la danse à Montréal en performant la gigue contemporaine : un nouveau langage chorégraphique issu de la gigue québécoise. Elle met de l’avant la collégialité en regroupant des créateurs contemporains, des chorégraphes et des interprètes de tous horizons.

C’est dans cet esprit que cette première soirée-découverte est offerte au public de la ville de Québec avec huit courtes pièces qui témoignent d’une volonté des artistes de voir encore résonner cette danse dans le coeur de notre société québécoise. Huit visions différentes d’une gigue du 21e siècle, vivante, vibrante et percutante avec des allures résolument contemporaines.

Crédit photo: Valérie Sangin
La gigue qui s'éclate
L'aventure gigue contemporaine offre une panoplie de cliquetis. Des frappements du pied bien sûr mais également des clappements des mains et du corps. Le pied se fait tendre alors que le corps tout entier se fait gigue. Une suite sans fin de doux branle-bas gigués et un corps qui s'éclate en mille mouvements harmonieux. Les gestes sont amples ou pas, les pas frappent le sol ou pas. Une chose est certaine, elle s'éclate. Elle s'infiltre dans des zones inconnues et offre un spectacle fort agréable.

La gigue contemporaine est monologue, théâtre, danse ou acrobatie. Elle est aphone, sans musique, ou se fait électro-acoustique. Tous les styles, toutes les audaces sont permis. C'est ce qui fait son charme.

Crédit photo: Valérie Sangin
Une découverte surprenante
La gigue proposée ici, balance entre tradition et audace. N'abandonnant nullement ses origines, elle s'offre des nouveaux mouvements. De frontale et fermée, elle devient multiple et ouverte.

Huit moments, huit univers, huit chorégraphies. Avec Accolades et quiproquos, elle sait être souriante, avec Sonore dés_accord, elle se fait invitante et séduisante et avec Prescrit pour pieds, elle joue magnifiquement du pied. Elle sait même prendre le rythme du coeur avec Une gigue sur le coeur, magnifique moment en compagnie de Sandrine Martel-Laferrière qui danse au rythme de ses propres battements cardiaques.

Le rythme est au centre de cette danse multiple dans toutes les chorégraphies. Mi-gigue, mi-raisin, en compagnie de la talentueuse Mélissandre Tremblay-Bourassa, propose un rythme constamment cassé, brisé, dans des chaussures déparaillées, chausson de ballerine dans un pied et bottillon dans l'autre. (re)tracer, en ouverture de spectacle, propose un rythme de l'intime et tout en douceur. Fil conducteur, en résonance corporelle, et Espace 2016, avec ses furies passagères, proposent des rythmes syncopés.

Un spectacle qui sort des sentiers battus et une belle découverte à découvrir avant qu'elle quitte Québec. Une première tournée pour la Bigico (Biennale de gigue contemporaine) et, espérons-le, pas la dernière.

Crédit photo: Valérie Sangin
Allez-y surtout si vous aimez: la gigue revisitée et déstructurée, découvrir des univers forts variés, la rythmique corporelle et sonore, découvrir la richesse de notre folklore.

À La Rotonde jusqu'au 18 mai. Avec Antoine Turmine, Sandrine Martel-Laferrière, Mélissandre Tremblay-Bourassa, Philippe Meunier, Ian Yaworski et Olivier Arsenault. Des chorégraphies de Lük Fleury, Sandrine Martel-Laferrière, Mélissandre Tremblay-Bourassa, Philippe Meunier, Ian Yaworski, Marie-Ève Tremblay, Antoine Turmine et Benjamin Hatcher.

Bon théâtre et bonne danse!

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