lundi 28 mai 2018

Nombre: 1+1 = 60

Ici et maintenant résume bien ce spectacle. Les spectateurs, devenus acteurs, vivent intensément leur présence à l'occasion de cette représentation théâtrale. Une chance unique qu'il ne faut rater sous aucun prétexte.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Marie-Renée Bourget Harvey
Synopsis (tiré du site du Carrefour international de théâtre de Québec)
Fusionnant la salle à la scène, Nombre est un spectacle participatif qui détourne le rôle traditionnel du public pour en faire à la fois le témoin et le protagoniste de l’expérience qui lui est proposée.

En pénétrant dans l’espace, les spectateurs reçoivent une enveloppe qui contient des consignes. Le déroulement du spectacle repose sur leur engagement à les suivre. Sans artifices, à l’écart des filtres technologiques qui teintent maintenant les rapports sociaux, ils s’approprient peu à peu l’environnement qui les entoure et apprivoisent la communauté dont ils font désormais partie.

Dans un esprit ludique et sous l’œil bienveillant des créatrices Marie-Renée Bourget Harvey, Krystel Descary, Claudiane Ruelland et Alexandrine Warren, les participants sont amenés à prendre part collectivement à la construction d’un monde qui sera fait de l’étoffe de ce qu’ils sont. Se trame alors en temps réel une dramaturgie unique et spontanée qui se réinvente à chaque séance, une fiction éphémère et émouvante faite d’une part de chacun d’eux. Tous semblent soudain unis par une multitude de connections et de liens intangibles qui s’entrelacent et forment une immense toile invisible.

On se prête aisément à ce jeu aussi simple à exécuter que captivant. En jaillit un théâtre de la vie, de l’ici et maintenant, sensible et lumineux, une expérience humaine intime et universelle qui rend hommage à la rencontre et à l’exaltante force du nombre. La représentation théâtrale s’en trouve complètement transfigurée.

Tout se passe ici et maintenant pour tous
Comment définir un spectacle dont on est partie prenante? Si l'expérience questionne à prime abord, elle n'en est pas moins exaltante au final. Tout d'abord parce que la pratique théâtrale est complètement différente. Pas de comédien. En fait si. Les spectateurs deviennent les comédiens. Pas de décor, si ce n'est un miroir sans tain. Les chaises sont empilés dans un coin. La découverte de la nouvelle aventure théâtrale débute dès l'entrée en salle.

Le spectateur acteur doit trouver l'emplacement de sa chaise au moyen d'une carte numérotée. La mise au jeu est faite et le spectacle peut commencer. Comment? Pour le savoir, il faut participer au spectacle. Seule information importante à retenir, il n'y aura pas de comédien professionnel dans la salle. Le spectateur sera un des nombreux protagonistes d'un agréable jeu théâtral. Tout se passe là, en ce moment même pour tout les spectateurs qui, du coup, deviennent des spectateurs acteurs.

Pour le comédien ou pour le spectateur
Un spectacle pour le comédien ou pour le spectateur? À la fois pour les deux, le spectateur peut se reconnecter à l'expérience théâtrale en participant à l'histoire racontée. Une façon de se mettre au diapason avec le comédien qu'il voit habituellement sur scène.

Pour le comédien, c'est une occasion de s'évader du carcan qui l'enlace depuis si longtemps. De découvrir le spectateur, ses goûts, ses désirs, ses attentes lorsqu'il assiste, pardon participe, à la représentation théâtrale. Il n'est plus seul mais connecté avec l'humain qui vient le voir. Bien loin de la connexion virtuelle qui était la sienne jusqu'à maintenant. Un besoin de rapprochement tant pour le comédien que pour le spectateur.

Vivre le théâtre
Nombre, c'est le théâtre qui se vit. Tout est là. Le spectateur prend une nouvelle place. Sa place, sans doute. Celle qui lui revient de droit. Ou celle qu'il aurait toujours dû avoir. Être là. Participant. Vivant le moment présent avec d'autres humains qu'il rencontre pour la première fois. Partager ce moment ensemble. Vivre tout simplement.

D'un spectateur écoutant à côté d'un autre spectateur écoutant, il devient spectateur acteur. Du coup ce n'est plus deux solitudes regardant le même spectacle, mais soixante humains partageant un moment ensemble, se racontant une belle histoire qui prendra forme dans un déliement commun. Ainsi 1+1 = 60. Les solitudes s'effacent pour faire place à une micro-société pleine de vie. Les spectateurs acteurs sont la représentation.

Crédit photo: Marie-Renée Bourget Harvey
Allez-y surtout si vous aimez: le théâtre participatif, les expériences nouvelles, vivre des sensations fortes, faire partie de la parade.

À La Maison pour la danse dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec jusqu'au 5 juin. Une co-mise en scène, co-dramaturgie et co-création de Krystel Descary, Claudiane Ruelland, Alexandrine Warren et Marie-Renée Bourget Harvey. Un spectacle réalisé avec l'aimable participation et la complicité du public.

Pour en savoir plus, écoutez notre baladodiffusion du 21 mai (vers la vingtième minute de l'émission) en compagnie de Krystel Décary et Claudiane Ruelland, co-metteuses en scène, co-créatrice et co-dramaturges ici.

Bon théâtre et bonne danse!

Deuxième édition des Prix Québec Dense Danse des Enfants du paradis

Une nouvelle saison de danse vient de se terminer et c'est le moment pour Les Enfants du paradis d'attribuer ses Prix Québec Dense Danse. Bien humblement, les Prix Québec Dense Danse des Enfants du paradis désirent offrir une tribune aux excellents artistes de Québec, un endroit pour les remercier et, surtout, souligner l'excellent travail accompli tout au long de l'année. 

Un billet de Robert Boisclair



Un choix bien personnel mais des prix qui n'en sont pas moins mérités. Une occasion de souligner les spectacles et les artistes qui font de Québec l'étoile montante de la danse, une ville qui grouille de nombreux talents dansés. Une volonté de ma part à mettre de l'avant le talent exceptionnel des danseurs, chorégraphes et artistes du milieu de la danse ainsi que les petits et grands bonheurs dansés de Quebec.

Cette année le choix a été bien difficile. Avec 17 spectacles présentés, le talent était au rendez-vous et les spectacles tous plus surprenants les uns que les autres.

Prix Québec Dense Danse - Mention spéciale
Maison pour la danse de Québec

Crédit photo: Maxime Daigle
Quelle belle surprise que ce lieu magnifique mis au monde par le Groupe Danse Partout. Un lieu de création et de production fantastique qui permet à la faune dansée de Québec d'avoir un lieu propice à l'échange créatif. Également, un lieu de rassemblement pour ceux qui aime la danse à Québec. Des spectacles de danse et de théâtre s'y sont produits. L'émulation semble grande au sein de la communauté et c'est tant mieux. Un lieu qui permettra de retenir un temps, je l'espère, les diplômés de l'école de danse de Québec. Félicitations pour cette belle initiative!

Prix Québec Dense Danse - Spectacle surprise
Danse de particules
Du 2 au 5 mai 2018
Studio d'essai - Méduse
Théâtre Astronaute et Joker Joker
Québec


Un spectacle qui n'annonçait rien de bien particulier. Le synopsis n'était guère invitant et les artistes peu connus. Et puis, l'amalgame danse et science laissait perplexe. Et puis ce fut la surprise. Le collage danse et théâtre fut une réussite. L'amalgame danse et science fut des plus intéressants. Il fallait voir les danseurs devenir bactéries, particules ou protons. Et le déliement fut surprenant. Un magnifique moment où la science rejoint le quotidien: l'évolution cosmique qui rencontre l'épanouissement individuel. Un extraordinaire moment suspendu dont on aurait jamais voulu qu'il s'arrête. Découvrez notre critique du spectacle ici.

Prix Québec Dense Danse - Interprète de l'année
Sandrine Martel-Laferrière
BIGICO, soirée découverte de la gigue contemporaine présentée du 16 au 18 mai 2018
Maison pour la danse de Québec
BIGICO
Montréal

Crédit photo: Valérie Sangin
Une danseuse fougueuse qui sait allier merveilleusement bien l'énergie de la danse folklorique à la viscéralité de la danse contemporaine et à la technique du ballet. L'interprétation de sa propre chorégraphie, effectuée au rythme des battements de son coeur, combine admirablement ces trois arts. Découvrez notre critique du spectacle ici.

Prix Québec Dense Danse - Chorégraphe de l'année
Virginie Brunelle
À la douleur que j'ai présenté du 14 au 16 mars 2018
Salle Multi - Méduse
Compagnie Virginie Brunelle
Montréal

Crédit photo: Robin Pineda Gould
La Virginie Brunelle découverte dans À la douleur que j'ai est une chorégraphe plus mature que celle qui dirigeait ses précédentes productions. Ses chorégraphies sont plus douces, plus posées. Le geste est moins brut et physique et s'invite dans une nouvelle poésie. Plus théâtrales, et mélodramatiques. Son incursion dans la douleur physique et émotionnelle est de celle qui ne laisse pas indifférent. Sa capacité à mettre ensemble dans un tout cohérent des chorégraphies disparates est à son summum ici. Un splendide spectacle qui marque les esprits. Découvrez notre critique du spectacle ici.

Prix Québec Dense Danse - Spectacle de l'année
Triptyque Cryptique
Présenté du 10 au 20 octobre 2017
Maison pour la danse de Québec
Le fils d'Adrien Danse, Productions Fila 13 et Collectif XYZ
Québec et Montréal

Crédit photo: Llamaryon

La chorégraphe Lina Cruz et les danseurs ont su créer trois univers particuliers avec trois chorégraphies dans le même spectacle: BD et insomnie s'y rencontrent, mouvements d'horlogerie et danse s'y confondent, bruit et chansons d'Édith Piaf s'y mêlent harmonieusement. Le ludisme et l'humour étaient au rendez-vous dans un spectacle pur bonheur. Découvrez notre critique du spectacle ici.
Félicitations aux récipiendaires!

Bon théâtre et bonne danse !

vendredi 25 mai 2018

Réversible: époustouflant!

Réversible est un spectacle époustouflant où des artistes à la virtuosité exceptionnelle nous font vivre des moments intenses. Un spectacle bonheur qu'il ne faut pas manquer!

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Alexandre Galliez
Synopsis (tiré du dossier de présentation)
Guidés par la metteure en scène Gypsy Snider, qui avait signé Traces en 2006, les artistes de Réversible ont plongé au cœur de leurs racines et de leurs récits familiaux, à la rencontre de leurs ancêtres. Dans un fin métissage d’arts du cirque, de danse et de théâtre – comme seul le collectif Les 7 doigts de la main sait le faire! - les jeunes interprètes explorent la petite histoire de leurs grands-parents et arrière-grands-parents et l’héritage laissé par ces hommes et ces femmes qui leur ont tracé la voie. Ils enchaînent avec une virtuosité époustouflante des numéros d’équilibrisme, de hula hoop, de mât et d’anneaux chinois, de planche coréenne, de jonglerie... Acrobaties grisantes et prouesses physiques de haute-voltige expriment leurs quêtes de repères, de sens, d’amour et de bonheur. Splendeurs et douleurs de la vie papillonnent et défilent en rafale.

Crédit photo: Jérôme Guibord
Boules d'énergie
C'est à véritable ballet auquel nous sommes conviés. Les murs omniprésents, à la fois obstacles infranchissables et opportunités de rebondir offrent des belles occasions pour modifier le destin des protagonistes. Ils bougent, ils dansent, ils se brisent et se refont.

Les sculpteurs de bonheur semblent être en surdose d'adrénaline tant ils sont perpétuellement en mouvement. Les numéros s'enchaînent à un rythme fou. Un lien dansé par ici, une apparition furtive par là et on passe au prochain numéro. Rarement un artiste se retrouve-t-il seul sur scène. Tout bouge. Tout s'anime. De rafale en rafale, les grands et petits moments de la vie défilent devant nous. Les acrobates sont de véritables boules d'énergie qui nous font frémir. Qui nous font vivre des émotions fortes.

De l'inédit
Les 7 doigts de la main propose de l'inédit à plusieurs égards: le cirque se prend pour du théâtre, les numéros sont époustouflants et la musique enrobe magnifiquement les prestations comme aucune musique ne l'a fait jusqu'à maintenant dans un spectacle circassien.

Chaque numéro s'incarne dans une étonnante mise en scène. Les liens sont nombreux et remplis d'humour. Le moindre détail est fignolé, les accessoires servent à moult utilisations et les corps racontent une histoire.

Ce spectacle de peu de mots est aussi fort touchant. La scène de la corde à linges où des vêtements sont accrochés par chacun des artistes, vestiges du passé ou souvenir d'un grand-parent, tire les larmes. Et que dire du dénouement, moment de douce folie, de libération, mais surtout éloquente démonstration que le passé est réversible, qu'il peut être changé. Les murs sont disparus. Le passé n'existe plus mais il a transformé le présent.

Crédit photo: Alexandre Galliez
Parmi les magnifiques prestations, il faut souligner le sidérant numéro du mât chinois. Une féerie dansé autour d'un mât chinois, il faut le faire! Et que dire de cette séance de charme aux accents de hula hoop ou encore du doublé des anges noirs et blancs au tissu aérien. Trois extraits notables mais les autres ne sont pas en reste. L'ensemble de cet octuor d'artistes offre de remarquables performances du début à la fin. Des artistes hors pairs. Magnifiques.

Rarement la musique a-t-elle supportée de si belle façon un spectacle circassien. Du début à la fin, la musique enrobe magnifiquement chaque séquence, chaque numéro. Elle rythme le spectacle. Lui offre un écrin unique qui exalte et transporte brillamment le spectateur dans l'émotion du moment.

Allez-y surtout si vous aimez: les numéros de cirque époustouflants, être sur le bout de votre siège, être ému et touché, l'inédit, les spectacles bonheur.

À La Bordée dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec jusqu'au 27 mai. Avec Maria del Mar Reyes Saez, Vincent Jutras, Jérémi Lévesque, Natasha Patterson, Hugo Ragetly, Zoé Sabbatié, Julien Silliau et Émi Vauthey. Une mise en scène de Gypsy Snider et une assitance à la mise en scène d'Isabelle Chassé.

Pour en savoir plus, écoutez notre baladodiffusion du 21 mai (au tout début de l'émission) en compagnie d'Isabelle Chassé, assistante metteuse en scène ici.

Bon théâtre et bonne danse!

jeudi 24 mai 2018

Dans la solitude des champs de coton: incandescentes solitudes

Un face-à-face qui oppose deux hommes qui parlent de leur solitude à mots couverts. Par des détours qui permettent de mieux se comprendre et d'être moins seul.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Angelo Barsetti
Synopsis (tiré du site du Carrefour international de théâtre)
Par un hasard furtif, sans pouvoir s’éviter, deux hommes se croisent au détour d’un lieu sombre, sorte de no man’s land qui pourrait être tant un terrain vague qu’une ruelle déserte. L’un se dit dealer, l’autre est donc client. Ils cherchent à faire une transaction dont l’objet demeure obscur. Comme des ennemis, mais aussi comme des frères, les protagonistes se défient. Ils se parlent sans se comprendre. Une lutte de pouvoir s’installe entre eux, les faisant inévitablement basculer dans la douleur, l’affrontement, la violence.

Ils se lancent alors dans une joute verbale et physique sans pitié, où la parole et les corps se provoquent, s’entrechoquent, s’esquivent, se repoussent et s’étreignent. Au cœur de leur duel sulfureux, pulsions de vie et de mort se confondent. Ils semblent possédés par un désir fauve qui n’arrive jamais à s’exprimer clairement. Et s’il était question de la marchandisation de ce désir? Si leur appétit charnel mutuel était justement l’objet de leur transaction?

Crédit photo: Jean-François Hétu
Incandescentes solitudes
Deux hommes se rencontrent. Se croisent. Ils s'affrontent. Puis se réfugient dans le silence de leur propre solitude. S'affrontent à nouveau. Avec douceur ou avec violence. Mais toujours dans un combat bien loin de la douceur du coton. Deux solitudes qui se consument l'une l'autre. De leur affrontement jaillit une lumière. Des solitudes qui deviennent incandescentes.

Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper,
avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité.
Et s'ils choisissent à la fin, dans le désert de cette heure d'évoquer ce qui n'est pas là,
du passé ou du rêve, ou du manque,
c'est qu'on ne s'affronte pas directement à trop d'étrangeté.
Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton

Est-ce que c'est vrai qu'on est seul?
Brigitte Haentjens parlait d'un «texte totalement hanté par une révolte contre la mort», Koltès était malade au moment de l'écriture de la pièce, et il y a beaucoup de ça dans cette oeuvre. Une espèce de hargne pour ne pas finir seul au moment du trépas. Les deux hommes se battent avec l'énergie du désespoir comme s'il n'y avait pas de lendemain. Ils sont dans une arène, le public est en bi-frontal, et la combat pourrait bien faire un mort... ou deux.

La question de fond, comme le soulignait Hugues Frenette dans une interview: est-ce que c’est vrai qu’on est seul? Deux solitudes indissociables, à la fois similaires, même habillement, même langage, physiques qui se ressemblent, mais différents et qui se cherchent. Ils ont de la difficulté à entrer en communication. Le contact se fait. Puis se brise. Ils se parlent sans véritablement se parler. Sont-ils seuls?  Ou pas?

Soyons deux zéros bien ronds, impénétrables l’un à l’autre.
Le Client

Crédit photo: Jean-François Hétu
Des gestes, du rythme, de la respiration
C'est à deux soliloques auquel le public est convié. Les protagonistes se battent à coups de mots. Une longue diatribe suivie d'un silence alors que l'adversaire se lance à son tour dans un discours-fleuve. Si les mots sont importants, tout se passe dans les gestes, le rythme et la respiration.

Dans ce spectacle qui débute par le choc, au sens premier du terme, de la rencontre, et se termine par une explosion des corps tout est dit et sentit. Les gestes sont calculés, placés, décortiqués. L'amour, le sexe, le désir, la haine tout les sujets sont abordés.

Je  ne  suis  pas  là  pour  donner  du  plaisir,  mais  pour  combler  l’abîme  du  désir, 
rappeler  le  désir,  obliger  le  désir  à  avoir  un  nom.
Et  parce  que  je  vois  le  vôtre  apparaître  comme  de  la  salive  au  coin  de  vos  lèvres 
que  vos  lèvres  ravalent,  j’attendrai  qu’il  coule  le  long  de  votre  menton 
ou  que  vous  le  crachiez  avant  de  vous  tendre  un  mouchoir,
parce  que  si  je  vous  le  tendais  trop  tôt,  je  sais  que  vous  me  le  refuseriez, 
et  c’est  une  souffrance  que  je  ne  veux  point  souffrir.
Le Dealer au Client

Crédit photo: Jean-François Hétu
Allez-y surtout si vous aimez: les performances d'acteurs, la poésie koltésienne, la force des mots, les mises en scène de Brigitte Haentjens.

À la Caserne Dalhousie dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec jusqu'au 27 mai. Avec Hugues Frenette et Sébastien Ricard. Un texte de Bernard-Marie Koltès. Une mise en scène de Brigitte Haentjens.

Bon théâtre et bonne danse!

mardi 22 mai 2018

Halfbreadtechnique: mégapartage

C'est à un mégapartage auquel convie le performeur Martin Schick. Un spectacle à la fois d'une très grande simplicité et d'un intérêt certain. Une agréable fantaisie qui séduit.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Régina Recht
Synopsis (tiré du site du Carrefour international de théâtre)
Usant de stratagèmes simples et ludiques, Martin Schick nous entraîne sur des chemins inattendus pour décortiquer et désamorcer les mécanismes marchands pernicieux qui régissent nos vies. Avec une légèreté et une ironie délectables, le danseur applique à la réalité de la performance les règles de l’économie de partage. Il fait alors la démonstration d’un système de répartition des biens – la «technique du demi pain» –  qui consiste à séparer en deux tous ses avoirs afin d’en faire bénéficier ceux qui en ont davantage besoin.

Crédit photo: Bernie Ng
Histoire de partage
Le partage est au centre du spectacle. Avec un danseur et avec le public. Martin Schick, le performeur, partage tout ou presque: cachet, sandwich, espace de jeu,... Si la performance est improvisée, le partage est total.

Le technique du pain partagé ou demi-pain, Halfbreadtechnique, c'est un partage moitié-moitié. Le spectacle débute par le partage du cachet du performeur avec un danseur, qui change à chaque représentation, et qui occupera la moitié de la scène. De division en division, l'espace de jeu de Martin Schick deviendra tout petit. S'il est confiné à un coin infime de la salle, le reste de l'aire de jeu est occupée par plusieurs spectateurs transformés en danseurs, qui obtiendront, à chaque réduction de l'espace, la moitié de l'argent restant jusqu'à ce que le performeur n'ait plus un sou.

Et le partage ne s'arête pas à la transformation de l'espace. Il s'étend à tout ce qu'il possède. La dépossession du comédien sera complète ou ne sera pas. De partage en partage les différents objets se retrouvent entre les mains des spectateurs. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à partager. Enfin presque, puisqu'il offre même de partager son chandail et... sa gomme à mâcher! Un peu difficile direz-vous? En effet. Tout ce partage se fait au gré de la volonté des spectateurs. Il peut y en avoir qu'un seul comme une dizaine, voire plus. Lors de la première, le partage s'est fait allègrement. La gomme à mâcher à même trouver preneur!

Crédit photo: Bernie Ng
D'une très grande simplicité, d'un intérêt certain
Partage, éclatement du tabou de l'argent ou mise à nu du processus créatif? Halfbreadtechnique, c'est un peu de tout ça. C'est aussi une critique de cette économie de partage qu'une partie de la population encense. Une critique, qui si elle n'est pas virulente, frappe juste. L'ironie d'un partage à outrance qui entraîne chacun, non pas dans l'enrichissement mais dans l'appauvrissement à vitesse grand V. L'absurde de la situation crève les yeux dans cet opus de 45 minutes top chrono.

Si vous avez aimé le NoShow présenté dans une précédente édition du Carrefour vous risquez d'aimer, voir d'adorer, Halfbreadtechnique. C'est non conformiste, on vous sort des cadres du théâtre traditionnel, on y parle d'argent et de rémunération des artistes et on vous invite dans un théâtre participatif à la fois amusant et agréable. Un moment de théâtre qui questionne sur le partage, l'argent et la répartition de la richesse. Du tout au 1% des plus riches au partage universel, encouragé par ces fortunés, tiens! un paradoxe, la solution se trouve peut-être entre les deux.

Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles atypiques ou participatifs, les performances improvisées.

À La Bordée dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec pour une dernière représentation le 23 mai. Concept, performance, scénographie, dramaturgie et production de Martin Schick. Avec un danseur invité originaire d’un soi-disant « pays économiquement troublé ».

Bon théâtre et bonne danse!

La sélection du moment: Carrefour international de théâtre de Québec

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair

Parcours déambulatoire
Crédit photo: Robert Boisclair
Carrefour international de théâtre de Québec
Pour cette dernière Sélection du moment de la saison, un incontournable du printemps québécois le Carrefour international de théâtre de Québec. L'événement phare du théâtre international à Québec était un choix incontournable: un parcours déambulatoire, dix spectacles, quinze chantiers et une quinzaine d'activités satellites meubleront vos moments de théâtre du 22 mai au 8 juin.

lundi 21 mai 2018

Une dernière radiophonique 100% Carrefour!

Pour cette dernière de la saison radiophonique, une édition entièrement consacrée au Carrefour international de théâtre de Québec. Venez découvrir quelques-uns des spectacles de cette 18e édition, ce soir dès 17h 30 à l'antenne de CKRL 89,1!

Par Robert Boisclair

17h 30

Trois spectacles qui squatteront les planches des salles du Carrefour international de théâtre de Québec dès demain sont au programme. Venez découvrir:

Réversible en compagnie d'Isabelle Chassé, assistante à la mise en scène (17h 30).

Nombre avec Claudiane Ruelland et Krystel Décary,
co-metteuses en scène et co-dramaturges (17h 50).

Non Finito que nous fera découvrir Claudine Robillard,
co-idéatrice, co-directrice artistique et comédienne (18h 10).


À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note dernière Sélection du moment de la saison 18-19 ici même sur ce blogue. Au programme? Un incontournable du printemps québécois.

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 17 mai 2018

Bigico, soirée découverte de la gigue contemporaine: pieds tendres

La Rotonde vous invite à un spectacle qui rebrasse les codes de la gigue, les transforme, l'amène ailleurs, là où on l'attend le moins. Elle s'évade des pieds, mais y demeure un peu tout de même, pour envahir le corps tout entier. Le squatter avec ses cliquetis qui prennent moult formes pour devenir frappements, claquements, frottements ou clapotis.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: Valérie Sangin
Synopsis (tiré du site de La Rotonde)
Depuis 2005, la BIGICO se faufile dans le paysage de la danse à Montréal en performant la gigue contemporaine : un nouveau langage chorégraphique issu de la gigue québécoise. Elle met de l’avant la collégialité en regroupant des créateurs contemporains, des chorégraphes et des interprètes de tous horizons.

C’est dans cet esprit que cette première soirée-découverte est offerte au public de la ville de Québec avec huit courtes pièces qui témoignent d’une volonté des artistes de voir encore résonner cette danse dans le coeur de notre société québécoise. Huit visions différentes d’une gigue du 21e siècle, vivante, vibrante et percutante avec des allures résolument contemporaines.

Crédit photo: Valérie Sangin
La gigue qui s'éclate
L'aventure gigue contemporaine offre une panoplie de cliquetis. Des frappements du pied bien sûr mais également des clappements des mains et du corps. Le pied se fait tendre alors que le corps tout entier se fait gigue. Une suite sans fin de doux branle-bas gigués et un corps qui s'éclate en mille mouvements harmonieux. Les gestes sont amples ou pas, les pas frappent le sol ou pas. Une chose est certaine, elle s'éclate. Elle s'infiltre dans des zones inconnues et offre un spectacle fort agréable.

La gigue contemporaine est monologue, théâtre, danse ou acrobatie. Elle est aphone, sans musique, ou se fait électro-acoustique. Tous les styles, toutes les audaces sont permis. C'est ce qui fait son charme.

Crédit photo: Valérie Sangin
Une découverte surprenante
La gigue proposée ici, balance entre tradition et audace. N'abandonnant nullement ses origines, elle s'offre des nouveaux mouvements. De frontale et fermée, elle devient multiple et ouverte.

Huit moments, huit univers, huit chorégraphies. Avec Accolades et quiproquos, elle sait être souriante, avec Sonore dés_accord, elle se fait invitante et séduisante et avec Prescrit pour pieds, elle joue magnifiquement du pied. Elle sait même prendre le rythme du coeur avec Une gigue sur le coeur, magnifique moment en compagnie de Sandrine Martel-Laferrière qui danse au rythme de ses propres battements cardiaques.

Le rythme est au centre de cette danse multiple dans toutes les chorégraphies. Mi-gigue, mi-raisin, en compagnie de la talentueuse Mélissandre Tremblay-Bourassa, propose un rythme constamment cassé, brisé, dans des chaussures déparaillées, chausson de ballerine dans un pied et bottillon dans l'autre. (re)tracer, en ouverture de spectacle, propose un rythme de l'intime et tout en douceur. Fil conducteur, en résonance corporelle, et Espace 2016, avec ses furies passagères, proposent des rythmes syncopés.

Un spectacle qui sort des sentiers battus et une belle découverte à découvrir avant qu'elle quitte Québec. Une première tournée pour la Bigico (Biennale de gigue contemporaine) et, espérons-le, pas la dernière.

Crédit photo: Valérie Sangin
Allez-y surtout si vous aimez: la gigue revisitée et déstructurée, découvrir des univers forts variés, la rythmique corporelle et sonore, découvrir la richesse de notre folklore.

À La Rotonde jusqu'au 18 mai. Avec Antoine Turmine, Sandrine Martel-Laferrière, Mélissandre Tremblay-Bourassa, Philippe Meunier, Ian Yaworski et Olivier Arsenault. Des chorégraphies de Lük Fleury, Sandrine Martel-Laferrière, Mélissandre Tremblay-Bourassa, Philippe Meunier, Ian Yaworski, Marie-Ève Tremblay, Antoine Turmine et Benjamin Hatcher.

Bon théâtre et bonne danse!

mardi 15 mai 2018

La sélection du moment: Amadeus

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair

Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Amadeus
Le Trident propose pour une toute dernière semaine, un spectacle épique et majestueux. Un sublime moment de théâtre enrobé de la magnifique musique de Mozart. Un écrin splendide, Jacques Leblanc au sommet de son art et une magnifique distribution font de ce spectacle un incontournable de cette fin de saison 18-19. Une intrigue palpitante, entre génie et décadence.

Vi saluto! Ombri del futuro! Antonio Salieri a vostro servizio!
Je commence à vous distinguer… dans vos fauteuils…
Fantômes du futur. Montrez-vous… Je vous le demande. Apparaissez.
Entrez avec moi dans ce vieux salon poussiéreux
aux premières heures de ce sombre jour de novembre 1823,
et soyez mes confesseurs ! Resterez-vous avec moi jusqu’à l’aube?
Jusqu’à l’aube seulement ! à six heures !
[…] Et maintenant, gentes dames et chers messieurs, je vous présente – pour une seule représentation - ma dernière composition intitulée La Mort de Mozart
ou Suis-je coupable? dédiée à la postérité,
pour la dernière nuit de ma vie!
Salieri (scène 2)

Crédit photo: Stéphane Bourgeois
Synopsis (tiré du site web du Trident)
Nous sommes à Vienne, le compositeur Salieri jouit de la faveur de l’Empereur. Mais un jeune prodige insolent du nom de Wolfgang Amadeus Mozart parcourt l’Europe et fait irruption à la cour. Précédé d’une flatteuse réputation, Mozart est en voie de devenir le plus grand compositeur du siècle.

Face à un tel talent, Antonio Salieri devient dévoré par la jalousie. Qu'une musique aussi belle puisse émaner d'un être aussi vulgaire lui apparaît comme l'un des tours les plus cruels de Dieu. Comprenant la menace que représente le jeune Mozart, il tente de l’évincer tout en essayant de décortiquer son génie exceptionnel.

Amadeus demeure une pièce forte en émotion, drôle, cruelle, haletante, qui parle d’indulgence, de jalousie, et nous montre à quel point l’être humain est capable du meilleur comme du pire. Une oeuvre mythique à l’image du compositeur qui l’a inspirée.

Jusqu'au 19 mai au Trident
Avec Bertrand Alain, Roxanne Bédard, Nancy Bernier, Israël Gamache,
Marie Gignac, Pierre-Olivier Grondin, Jacques Leblanc, Véronika Makdissi-Warren,
Mary-Lee Picknell, Lucien Ratio, Réjean Vallée, Rachel Baillargeon,
Jonathan Bédard, Kevin Geddes, Karina Laliberté, Jean-Michel Marois,
Marie-Andrée Mathieu, Anne-Marie Bernard et Alexandre Sauvaire.
Un texte de Peter Shaffer
Une mise en scène d'Alexandre Fecteau
Pour en savoir plus

Bon théâtre et bonne danse!

lundi 14 mai 2018

Panel de fin de saison

Pour cette avant-dernière de la saison radiophonique, un panel en compagnie de l'équipe autour de nos coups de coeur de la dernière saison et de nos attentes pour le Carrefour qui approche à grands pas. Venez découvrir nos bonheurs culturels de la saison ce soir à l'antenne de CKRL 89,1 (dès 17h 30)!

Par Robert Boisclair

17h 30

Une émission complète autour des coups de coeur de l'équipe de la saison qui s'achève et des spectacles à ne pas manquer au Carrefour international de théâtre de Québec qui débutera dans 8 jours. Camille Proust, Ève Méquignon et David Lefebvre seront en studio pour vous les faire découvrir.

À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note Sélection du moment ici même sur ce blogue. Au programme? Un spectacle qui allie musique classique, opéra et théâtre.

Bon théâtre et bonne danse !

mardi 8 mai 2018

La sélection du moment: Entracte!

La sélection du moment c’est une suggestion, une seule, d’un film ou d’un livre sur le théâtre ou la danse, d’un spectacle dansé ou théâtralisé ou encore d’un événement relié à un de ces deux arts que vous ne devez manquer sous aucun prétexte.

Par Robert Boisclair

Entracte!
Entracte! est une baladodiffusion ludique et passionnante initiée par David Lefebvre de montheatre.qc.ca. Épisodiquement, il propose une interview avec un intervenant de l'univers théâtral québécois. Une occasion rare d'entendre nos artistes et vedettes locales de Québec dans une discussion à bâtons rompus d'une vingtaine de minutes. Une rencontre qui propose un regard différent de ceux qui se consacrent à faire rayonner le théâtre: leurs coups de coeur, leur méthode de travail et, pourquoi pas, comment leur est venu l'amour du théâtre.

Le plus récent épisode, le quatrième, souligne le travail de la metteuse en scène, de la dirigeante artistique d'un théâtre et de la comédienne Marie-Hélène Gendreau.

J’ai une force, je suis capable de rassembler les équipes, d’amener plus loin,
de mener les projets, (…) j’ai ça […] les gens croient en moi pour ça aussi […]
j’y vais le plus honnêtement du monde, le plus à l’écoute aussi de ce que mon milieu a besoin… 
Marie-Hélène Gendreau (extrait de la baladodiffusion Entracte!, épisode 4)

Synopsis (tiré du site montheatre.qc.ca)
L’objectif du podcast est simple : amener l’auditeur.trice à découvrir, de manière ludique et relax, le monde du théâtre, mieux connaître les rouages, les intervenants, etc. Et le principe est tout aussi simple :

Trois parties :

1. Le podcast commence toujours avec l’animateur qui demande : «et puis, comment as-tu trouvé la première partie ?» L’invité.e doit en quelques mots décrire/improviser son appréciation ou sa dépréciation d’un spectacle fictif auquel les deux personnes assistent (puisqu’on est dans un «entracte», voir point 2).

2. On se retrouve ainsi dans un «faux entracte» de théâtre, comme si deux spectateurs se jasaient en attendant la reprise du spectacle. La discussion se fait en 20 minutes. Ce n’est pas exactement une entrevue, même si l’animateur dirige la discussion : c’est un échange entre deux personnes. Si l’invité.e répond aux questions, il-elle a aussi le droit de poser des questions à l’animateur. Rien de fictif ici, tout se joue dans la réalité. Exemple : dans le cas d’un metteur en scène, on pourrait aborder son rôle, les difficultés du métier, les implications sur une saison ; un éclairagiste : comment il prépare tel spectacle, comment il peut imposer sa signature, etc.

3. Vingt minutes plus tard, on entend un rappel à «revenir à nos places pour la 2e partie du spectacle». L’invité.e doit donc donner en quelques mots ses attentes envers la seconde partie du spectacle fictif. La première et la dernière partie servent de « liant », de moment ludique et comique.

Entracte! est diffusé épisodiquement sur montheatre.qc.ca
Une idéé et une interview réalisée par David Lefebvre

Bon théâtre et bonne danse!

lundi 7 mai 2018

Ados en colère, gigue et philosophie au menu ce soir!

Venez découvrir nos trois trésors culturels de la semaine, ce soir dès 17h 30, à l'antenne de CKRL 89,1!

Par Robert Boisclair

Premier bloc - 17h 30

Interpellés par une lettre mordante du comédien, auteur et metteur en scène Stéphane Crête, des adolescents lui répondent dans un spectacle ayant pour titre Le scriptarium. Stéphane Crête et deux des jeunes auteurs, Léa Deschamps et Laura Langevin, seront aux Enfants pour nous parler de cette rencontre théâtrale.


Le scriptarium
Gros Becs
Les 10 et 11 mai
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Deuxième bloc - 17h 50
Crédit photo: Valérie Sangin
La gigue en mode contemporain s'invite à la Maison pour la danse pour trois jours de représentations. Lük Fleury, directeur artistique de la Bigico et chorégraphe d'un des numéros de danse giguée de la soirée découverte présentée par La Rotonde sera en conversation téléphonique pour nous en parler.

Crédit photo: Valérie Sangin
Bigico, soirée découverte de la gigue contemporaine
La Rotonde
Du 16 au 18 mai

Troisième bloc - vers 18h 10

Denis Guérin, l'auteur, et Denise Bilodeau, la metteuse en scène, du spectacle Amor Fati, à la fois comédie et théâtre philosophique, seront en studio pour nous en parler.

Amor Fati
Scène Lebourgneuf
Les 11 et 12 mai
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À ne pas manquer!

Ne manquez pas demain matin dès 6h, note Sélection du moment ici même sur ce blogue. Au programme? Une baladodiffusion qui met en vedette nos artistes et artisans en théâtre à Québec.

Bon théâtre et bonne danse !

jeudi 3 mai 2018

Danse de particules: particules animées

Danse et théâtre entrent en résonance dans ce court moment, 50 minutes à peine, qu'est Danse de particules. Un moment artistique surprenant où la physique rencontre le monde artistique.

Une critique de Robert Boisclair

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Synopsis (tiré du site de JokerJoker)
Une physicienne devenue comédienne se trouve dans un train, entre le point A et le point B. Alors que sa vitesse dans le train se rapproche de l’infini, elle peut voyager librement entre deux époques de sa vie.

Le point A: la fin d’une journée de travail en laboratoire, la physicienne regarde le fond d’un bécher. Elle y voit des micro-organismes qu’elle bombarde d’un laser. À travers ces formes de vie, elle voit tous les instants de sa propre existence défiler et lui retourner le regard.

Le point B: elle sort d’une répétition de théâtre qui la bouscule jusqu’à ses plus profondes convictions sur l’art. Pourquoi participer à cette pièce vide de sens, où elle se fait durement diriger et où elle remet en question la raison même de pratiquer ce métier?

Dans ce train bondé de gens, les passagers se transforment autour d’elle et deviennent le fil conducteur entre ces deux époques de sa vie. Cette pièce est une ode à la vingtaine effrayante, à l’angoisse cosmique, au temps qui passe et au chemin que nous faisons toutes et tous, peu à peu. Qu’est-ce qui relie la personne que nous étions à celle que nous devenons?

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
La danse s'invite au royaume des particules
Des danseurs qui deviennent particules, bactéries e.coli, protons qui s'éclatent, entropie en mutation ou poussières d'étoiles. Ici, la danse s'invite dans le mystérieux monde de la physique.

La physique qui entre en collision avec le monde artistique permet de dresser un fascinant parallèle entre l'évolution cosmique et l'épanouissement individuel. Si le comportement des électrons n'est pas prévisible de manière déterminée comment le comportement humain peut-il l'être? Il ne l'est certainement pas. Ce qui relie l'être humain que nous étions hier à celui d'aujourd'hui pourrait bien n'être qu'un fil ténu que nous ne connaissons pas encore. Il faut donc cesser de se questionner sur le passé et vivre le moment présent. C'est ce que propose Danse de particules. Faire une pause, cesser de penser à hier et vivre le moment présent.

L'importante réflexion se conclue sur une belle image: un ciel étoilé, une femme étendue qui le regarde, des particules, les danseurs, qui se posent doucement. Un temps suspendu dont on ne voudrait pas qu'il s'arrête.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Danse ou théâtre?
Danse de particules s'offre dans une partition mi-théâtrale mi-dansée. La danse décline métaphoriquement et magnifiquement les épreuves subies par l'univers en expansion ainsi que les questionnements vécus par cette femme, autrefois scientifique, aujourd'hui comédienne. La portion théâtre sert de catalyseur, de point d'ancrage à cette histoire, adroitement contée par Stéphanie Jolicoeur.

Si la portion dansée s'apparente bien plus à du mouvement corporel qu'à de la danse, elle n'en est pas moins ravissante. Elle pose un regard sur les liens impalpables, ceux qui définissent nos actions comme ceux qui transforment le cosmos. Les corps, par impulsions instinctives, nous immergent dans les profondeurs de l'univers et de notre for intérieur.

Le théâtre, par la voix de Stéphanie Jolicoeur, nous questionne. Il est l'élément déclencheur, la courroie de transmission qui, combinée à la portion dansée, fournira la clé pour dénouer l'énigme. Le théâtre est l'élément palpable, tangible, rationnel. Le regard posé par le théâtre est limpide mais il a besoin de la portion dansée pour bien s'exprimer. L'un ne peut se passer de l'autre. La résultante est plus grande que la somme des parties.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Allez-y surtout si vous aimez: les spectacles à la fois éducatif et artistique, les réflexions sur le sens de la vie, les formules courtes, les spectacles plus expérimentaux.

À Méduse jusqu'au 5 mai. Avec Stéphanie Jolicoeur, Alexandra St-Pierre, Elizabeth Baril Lessard, Elizabeth Crispo, Etienne Lambert, Francis Paradis et Raphaëlle Fougères. Une mise en scène d'Emile Beauchemin.

Bon théâtre et bonne danse!